Pour une fois, opposition et pouvoir se sont montrés unis et ont défendu la même position à Bruxelles. Lors d’une conférence au Parlement européen, les eurodéputés bulgares de GERB, du PS et du MDL ont demandé la révision des principes du monitoring dans le cadre du Mécanisme de coopération et vérification, qui depuis 2007 veille sur les progrès faits dans le domaine du judiciaire, la lutte contre la corruption et le crime organisé.
Paradoxalement, alors que les critiques et les mauvaises notes attribuées à la Bulgarie pleuvent, les organisateurs de la conférence à Bruxelles ont remis en question le monitoring et même proposé sa suppression. Les arguments de nos représentants au Parlement européen, sont que ce monitoring nuit à la Bulgarie et à son image sur le plan international, qu’il ne donne pas de résultats et qu’il est discriminatoire, car il n’est pas appliqué à d’autres pays de l’UE aux problèmes similaires.
Seul le Bloc réformateur s’est déclaré pour le maintien du monitoring. Du point de vue des réformateurs, cet engouement des grandes formations politiques pour supprimer le mécanisme du monitoring est la preuve qu’elles ne veulent pas réformer le système judiciaire. D’ailleurs, à Bruxelles sont allés plaider contre le Mécanisme de vérification de hauts magistrats et le Procureur général de la République en personne. A Sofia, en revanche, cette campagne a provoqué des réactions vives dans le milieu judiciaire. Des juges et des magistrats ont déclaré que « le problème n’est pas dans celui qui observe, mais chez l’observé ». Beaucoup de Bulgares sont de cet avis, car les sondages montrent que 80% des citoyens font confiance au monitoring européen et le considèrent comme une garantie dans la poursuite des réformes.
En fin de compte, la CE n’a pas cédé aux pressions et a déclaré que le monitoring sera levé quand ses objectifs seront accomplis. Le résultat, c’est que nous avons assisté une fois de plus à une épisode politique sans intérêt, et à une campagne destinée à aboutir dans une impasse. Quel intérêt de faire porter le chapeau à l’UE pour des problèmes qui sont les nôtres ? Mais ce spectacle est aussi très décevant, car il montre clairement à quel point nos politiques sont déterminés dans leur volonté de maintenir le statu quo et d’empêcher la réforme du système judiciaire, lequel depuis des années empêche l’avancée démocratique du pays.
Version française : Miladina Monova
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