Dans le massif des Rhodopes il y a de nombreux villages reculés et difficilement accessibles où le temps semble s’être arrêté. Même les gens là-bas sont un peu différents, ils vivent dans une relation particulière à la nature qu’ils redoutent et respectent à la fois. Les habitants de ces villages sont souvent privés de services publiques culturels, les bibliothèques et maisons de la culture sont fermées ou loin. Or, ils ont aussi besoin d’accès à la culture, comme tous les autres. L’idée de la bibliothèque-caravane a précisément cet objectif : apporter des livres dans les villages reculés et devenir pour un temps espace de lecture.

La bibliothèque sure roues est une idée d’Alexandre Karadjov, jeune homme originaire des Rhodopes. Elle lui est venue « par hasard, comme la plupart des bonnes choses », raconte-t-il.

« Nous voulons entamer notre tournée autour de la Saint Georges, car c’est une belle fête qui symbolise le printemps. Avant de partir, nous devons acheter la caravane et l’aménager, avec des rangées de livres et un coin lecture, afin que les gens puissent lire sur place et non seulement emprunter des livres ».

La bibliothèque sur roues va transporter des livres récents, mais aussi de la littérature classique. Alexandre Karadjov espère que les grandes maisons d’éditions vont répondre à sa demande de soutien et ferons don de livres. Les particuliers aussi peuvent offrir des livres, mais surtout pas dans l’idée de se débarrasser des vieux volumes de leurs bibliothèques.

Alexandre nous dit qu’il veut tout simplement apporter du bonheur aux gens, grâce au monde merveilleux des livres. Nous lui avons demandé si les Bulgares ne sont pas aussi malheureux par ce qu’ils ne lisent plus beaucoup ?

« Je suppose que cela doit être une des raisons, mais ce n’est pas parce que les gens n’ont pas envie de lire. Il y a beaucoup de villages et petites communes qui s’éteignent, car les gens n’ont plus de bibliothèque municipale. De plus, beaucoup n’ont pas les moyens de s’acheter des livres et je crois que c’est cela que rend les gens malheureux ».

La bibliothèque sur roues va commencer par faire le tour des frontières de la Bulgarie. En partant des Rhodopes occidentales, elle va voyager au long des frontières macédonienne et serbe, ensuite au nord sur le bord du Danube, à l’Est elle longera la cote de la Mer Noire et terminera au sud pour revenir au point de départ.

Pour réaliser ce projet Alexandre a besoin d’environ 2800 euros. Il n’a pas encore collecté toute la somme, mais il est optimiste, car son projet est devenu très populaire. En général, dans tous ses projets, Alexandre investit son amour pour les Rhodopes.

« Mon lien avec les Rhodopes je ne pourrais l’expliquer, c’est quelque chose de très personnel. C’est le seule endroit au monde où je me sens en harmonie avec la nature. Je suppose que c’est du à l’histoire millénaire du lieu, à la montagne sacrée, comme la nomme certains. Beaucoup de peuples et cultures sont passées par ici, l’endroit est chargé d’énergie, ce qui lui donne cette magie. Ce qui impressionne tout de suite ici, ce sont les gens qui ont gardé leur authenticité. Ils ont le contact simple, directe, une certaine pureté dans les relations ».

Alexandre fait partie de l’association « La Bulgarie oubliée », qui s’est donnée pour objectif d’explorer et rendre populaires des coins du pays beau et peux connus. Il est aussi guide de montagne ou, comme il dit, simplement découvreur de chemins de randonnée. Il tient un blogue dans lequel il décrit non seulement la beauté de la nature, mais aussi des histoires de vies des gens qu’il a rencontré. Il aime prendre des risques, c’est pourquoi la préfecture de Smolyan l’a nominé « Volontaire de l’année ».

« On éprouve une émotion très particulière lorsqu’on lit la gratitude des gens dans leurs yeux, de tous ceux que j’ai aidé. Cela me motive pour continuer. Quelques fois, dans le feu de l’action on s’oublie, mais après, le sentiment de satisfaction est très grand, car tu comprends que tu ne vis pas que pour toi-même et que par nos actes nous pouvons aider les autres ».

Version française : Miladina Monova

Crédit photos : Archives personnelles