„Nonobstant les risques, l’économie bulgare se porte bien“ – c’est ce qu’a déclaré le président Rossen Plévnéliev lors de la 10e Rencontre annuelle entre le gouvernement et les milieux d’affaires à Sofia, qui a tenté d’identifier les risques économiques pour le pays dans le contexte d’une insécurité globale.
Rossen Plévnéliev a aussi précisé qu’il y a 20 ans, les pays balkaniques étaient isolés, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
« Nous devenons chaque jour plus dépendants les uns des autres dans la région, ce qui nous incite à construire des relations de confiance, a dit Rossen Plévnéliev. – Nous ne pensons plus à ériger des murs, loin de nous l’idée de redessiner les frontières. Bien au contraire, il faut que les barrières tombent au lieu d’être déplacées. La coopération dans un esprit de bon voisinage est plus que jamais un facteur d’importance primordiale pour l’avenir de la région. »
Aux dires du chef de l’Etat, la Bulgarie et la région sont aujourd’hui le théâtre d’une confrontation entre le modèle oligarchique de développement économique et le vrai entreprenariat, entre le business responsable et les structures souterraines. Un vrai choc entre passé et présent…
„Nous sommes dans l’urgence des réformes, en Bulgarie comme dans la région et elles sont les mêmes pour tous les pays – un système judiciaire qui fonctionne, une administration électronique, la transparence des marchés publics, une loi contre la corruption ».
De son côté, le premier ministre Boyko Borissov a souligné qu’il espérait que la plate-forme d’échange de gaz « Balkan » diversifiera réellement les sources d’approvisionnements. Il a ajouté qu’il était attendu que la crise migratoire remette en question les accords Schengen. Peut-être faudrait-il opter pour la solution des USA et penser à introduire des Green Cards pour ceux qui travaillent sur le territoire de l’Europe. Concernant les relations de la Bulgarie avec la Russie et la Turquie, le premier ministre a précisé que la Bulgarie suivait une politique euro-atlantique claire et qu’elle souhaitait avoir de bonnes relations avec tous ses voisins. Il a réitéré son avis catégorique de ne jamais former une coalition avec le MDL et a indiqué que des élections anticipées déstabiliseraient le pays.
Prenant la parole, le commissaire européen à l’Elargissement, Johannes Hahn a félicité la Bulgarie pour son taux d’absorption élevé des fonds européens, précisant que sur ce point, le pays pourrait être cité en exemple. 30 nouvelles unités de production de pièces de rechange pour automobiles ont été créées en Bulgarie et l’Allemagne reste le premier moteur des exportations bulgares qui en 10 ans ont été multipliées par trois.
Quant au ministre de l’Economie, Bojidar Loukarski, il espère que la croissance économique en 2016 dépassera celle enregistrée l’année dernière, malgré les conflits au Proche-Orient, les tensions entre la Russie et la Turquie, le ralentissement de la croissance de l’économie chinoise, qui pourraient jouer sur les indicateurs. Concernant le volume des investissements et les obstacles qui les empêchent de croître plus rapidement, Bojidar Loukarski a été clair :
„Nous sommes confrontés à un déficit de personnel qualifié pour le management de niveau moyen et pour les exécutants de haut niveau, notamment dans les constructions mécaniques, la construction automobile, ce qui ralentit le flux d’investissements vers la Bulgarie. La Bulgarie est en manque d’ingénieurs et d’informaticiens ».
Ivan Mikhaïlov, patron de « Visteon Bulgaria » a reconnu que si le personnel qualifié quittait la Bulgarie, c’est parce qu’il était peu motivé et pas assez rémunéré dans son pays :
”C’est dommage parce que le marché offre des conditions optimales et nous devons le soutenir. Mais nous avons aussi besoin de l’Etat. Les ressources humaines ont une importance capitale pour l’économie. Il ne suffit pas de se doter des technologies les plus performantes, il faut aussi des hommes et des femmes, pour que le business avance. »
Enfin, le vice-premier ministre en charge des fonds européens, Tomislav Donchev, a reconnu que le désir de mener des réformes faisait de nombreux récalcitrants, qui mettaient un frein aux bonnes intentions.
„Un Etat qui compte 3,1 millions de travailleurs occupés, 2,2 millions de retraités, 279 000 chômeurs, 604 000 scolaires et 257 000 étudiants, aurait beaucoup de mal à préserver sa stabilité. Il est de notre devoir d’apprendre à attirer et à retenir nos ressources humaines ».
Bien sûr, il faut combattre la corruption qui mine la croissance, mais encore…
„Le plus grave, c’est que la corruption gangrène la concurrence. Si la corruption est importante, à quoi bon tenter d’être le meilleur et de gagner la compétition ? La corruption fausse les règles du jeu et s’attaque aux fondements de notre développement. “
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