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Le folklore politique bulgare ou comment être à la fois libéral, pro-turc, russophile et euro-atlantiste

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Photo: BGNES

Deux semaines après avoir été scandaleusement éjecté du poste de dirigeant du Mouvement des Droits et des Libertés (MDL), Lutvi Mestan a donné une conférence de presse pour communiquer sa position et ses futurs projets. Or, on en est sorti encore plus confus, qu’on ne l’était au départ. Il a déclaré qu’il restait dans la politique et qu’il se situera désormais à droite, dans un « espace national-libéral ». Nous savons qu’au sein de la coalition au pouvoir, dans le Bloc réformateur (BR) il y a une formation politique, qui représente l’électorat musulman. C’est le Parti populaire « Liberté et dignité », dirigé par Kassim Dal, qui se dit centriste et libéral.

Si Mestan fonde son parti, l’électorat musulman de sensibilité centriste et libérale devra choisir entre plusieurs partis portant cette étiquette : Le MDL, qui est la formation libérale officiellement reconnue au niveau de l’Europe, mais qui est en opposition, le parti « Liberté et dignité » de Kassim Dal qui participe au pouvoir, l’éventuel futur parti national-libéral de Lutvi Mestan qui n’aura pas de députés et le Mouvement national Siméon II (MNSD), qui était la dernière fois dans un gouvernement en coalition avec le MDL et le Parti socialiste.

Le MDL a participé à toutes sortes de coalitions, de gauche ou de droite et c’est souvent lui qui a fait peser la balance d’un côté ou de l’autre au long de l’histoire démocratique de la Bulgarie. Maintenant, Lutvi Mestan pense que le parti doit se situer à droite. C’est aussi ce qu’on fait d’autres dissidents qui ont quitté le parti d’Ahmed Dogan, comme Guner Tahir, qui dans les années 1990 a rejoint l’Union des forces démocratiques d’Ivan Kostov et Kassim Dal et Korman Ismaïlov qui ont rejoint le BR.

Les Bulgares en général pensent que le MDL est un parti pro-turc, orienté vers la Turquie. Lutvi Mestan vient de déclarer que pendant qu’il était à la tête du parti, il a tout fait pour prouver que le MDL n’était pas « un parti oligarchique pro-russe » et qu’il a été éjecté parce qu’il a « marché sur une mine russe ». Or, les commentateurs ont remarqué que l’impression générale était que c’est plutôt une mine turque qui l’a fait sauter.

Pour comprendre cela, il faut connaitre le folklore politique bulgare. En général, on qualifie de pro-russe la gauche du PS et le parti nationaliste « Ataka ». On n’a jamais soupçonné le MDL d’être russophile, mais plutôt trop proche de la Turquie. Lorsque Mestan a fait sa déclaration en soutien de la Turquie dans l’affaire de l’avion russe abattu, beaucoup l’ont accusé d’écouter Ankara. Il s’en est défendu en répondant que sa position était pro-atlantique et non pas pro-turque. 

Toute cette affaire nous laisse encore plus de confusion et on ne sait plus qui en Bulgarie est libéral, pro-turque, russophile, russophobe, euro-atlantique. Une chose est sure, les séismes au MDL l’éloignent encore plus de son électorat, réduisent l’espace libéral en le poussant plus vers la droite et par conséquent renforcent l’hégémonie du plus grand parti au pouvoir – GERB.

Version française : Miladina Monova




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