Le choc entre la Russie et la Turquie, suite à l’incident avec l’avion russe abattu par la DCA turque, a glacé le sang du monde entier. Forte tension également en Bulgarie, ce qui est compréhensible, vu que la Turquie est notre voisine et alliée au sein de l’OTAN, alors que la Russie a été pendant des décennies notre grand frère dont nous continuons toujours de dépendre du point de vue énergétique. Autre chose, dans un contexte de crise migratoire, Sofia a apporté son soutien à la Turquie pour la remercier de stopper le flux de demandeurs d’asile et éviter qu’ils se présentent aux portes de notre pays.
Les réactions de la Bulgarie n’ont pas créé la surprise, même si certaines nuances valent la peine d’être signalées. Pour commencer, la réaction de l’exécutif est arrivée avec un certain retard, probablement parce que une partie du gouvernement, Boyko Borissov en tête, était en visite officielle en Chine. Quant au ministère des Affaires étrangères, il a refusé tout commentaire avant la réunion d’urgence de l’OTAN à Bruxelles, alors que notre ambassadeur en Turquie, Nadéjda Néinski s’est limitée à formuler quelques craintes de voir l’escalade de la tension entre Moscou et Ankara affecter sérieusement les relations économiques dans la région, sans oublier les retombées négatives sur la crise des migrants. Tout cela sur fond de joutes verbales traditionnelles entre russophiles et russophobes.
Le chef de l’Etat, Rossen Plévnéliev a gardé le silence et l’on peut même dire qu’il a brillé par son absence sur ce dossier. Lui qui, il y a un an et demi et en sa qualité de commandant en chef des armées ne cachait pas son inquiétude de voir des avions de chasse bulgares intercepter des avions russes en mer Noire, et qui, il y a une semaine à peine, alertait sur les pages de l’Independent britannique que la Russie menait une guerre hybride dans les Balkans, afin de déstabiliser l’Europe, appelant l’UE et l’OTAN à contrer l’agression russe rampante. Tout porte à croire qu’il a entendu les consignes du premier ministre Boyko Borissov qui sagement a recommandé la prudence dans les déclarations et les interventions en public, car tout ce dont on a besoin en ce moment se résume au nouveau mot à la mode désescalade.
Toujours est-il que le PS a diffusé une déclaration qui demande une enquête internationale indépendante pour faire toute la lumière sur cet incident. Les nationalistes d’Ataka ont, eux, condamné « l’agressivité militaire » de la Turquie contre la Russie.
Entre-temps, la tension entre la Russie et la Turquie est tombée d’un cran hier après les déclarations émanant des deux capitales et appelant au calme. Le président Erdogan a placé l’accent sur les efforts diplomatiques précisant que son pays n’avait « absolument aucune intention de provoquer une escalade après cette affaire », alors que le premier ministre Ahmet Davutoglu a déclaré que la Russie était « un ami et un voisin » de la Turquie. De son côté, tout en soulignant que cette attaque était totalement inacceptable, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé que « Moscou ne fera pas la guerre à la Turquie », même si une réévaluation des relations bilatérales s’impose. Quelles seront pour la Bulgarie les effets collatéraux de cette réévaluation ? L’avenir, seul, nous le dira…
Version française : Sonia Vasséva
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