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1998 г: Todor Jivkov et la fin d’un dictateur

Photo: archives

Todor Jivkov est né le 7 septembre 1911 dans le village de Pravets, village que de son règne il transformera en ville quasi-industrielle. En 1932, il devient membre du Parti des travailleurs bulgares, lequel plus tard va devenir le Parti communiste bulgare (PCB). En 1948, il est nommé Secrétaire général du Comité central du PCB et en 1954, Premier secrétaire du CC du PCB. Il sera aussi Président du Conseil des ministres et du Conseil d’Etat tout à la fois. Le 10 novembre 1989 il est évincé du poste de chef de l’Etat et de toutes ses autres fonctions. En 1990 il est arrêté et inculpé pour un certain nombre de crimes politiques. C’est en résumé la biographie de la personne qui a dirigé l’Etat bulgare durant 33 ans. Certains chercheurs spécialistes de la période communiste pensent que sa longévité au pouvoir a été la cause de la naissance tardive d’une société civile en Bulgarie. 

La carrière politique de Jivkov et son ascension, surtout entre 1953 et 1964, coïncident avec la mise en place d’un modèle économique destiné à s’effondrer. A trois reprises, l’Etat bulgare est conduit à la faillite. Tout d’abord en 1960, lorsque quasi-secrètement le régime vend à l’Union soviétique les réserves d’or de la Banque nationale. Ensuite, entre 1977 et 1979 la Bulgarie est en situation de faillite avec une dette extérieure qui a grimpé à 6 milliards de dollars. Le pays est alors plus en état d’assurer le service de la dette. Enfin en 1989, alors que l’Etat est pratiquement en faillite, le régime de Jivkov continue à emprunter de l’argent à des banques occidentales.

Au lendemain de la chute du régime, l’Etat bulgare a accumulé 11 milliards de dollars de dette extérieure et 20 milliards de dette intérieure. Le secteur agraire s’est effondré, le secteur militaro-industriel est endetté. Le nouveau modèle de gestion privée des petites entreprises que le régime a introduit vers la fin, ne peut réellement se développer, car il manque de ressources.

Seules les Sociétés mixtes de commerce extérieur qui sont souvent dirigées par des agents de la Sécurité d’Etat font exception à la règle. Le détournement des fonds de ces sociétés assurera les capitaux privés des futures « capitalistes rouges », devenus millionnaires. Accusé d’avoir été responsable des dérives du régime communiste, Todor Jivkov reconnait une fois devant le juge sa part de responsabilité dans l’effondrement économique du pays. Mais il ne le fait pas publiquement. Un autre procès - « Affaire N4 » - démarre en 1991, avec pour objectif d’établir les responsabilités individuelles dans la débâcle économique du pays. Mais cette affaire n’arrive pas devant le juge, car personne ne porte des accusations concrètes. En 1990, Todor Jivkov est accusé pour avoir changé de force les noms et les prénoms des citoyens d’origine turque et de les avoir forcé à fuir le pays. Voici ce qu’il en dit lui-même des différentes accusations portées contre lui, dans une interview des archives de la RNB.

« Notre peuple et la communauté internationale s’attendent à ce que ce procès soit un procès politique. Que Todor Jivkov soit accusé pour crimes contre l’Etat, le peuple, etc… Mais il n’y aura pas de telles accusations. Toutes les accusations qui étaient formulées lors de l’enquête, telles qu’ « agent-provocateur », l’accusation d’avoir exporté des milliards dans des banques occidentales, toutes étaient des diffamations, montées de toute pièce. »

Un nombre grand de dossier d’enquêtes ont été ouverts par la suite, y compris pour responsabilité personnelle dans la mise en fonction des camps de concentration, pour avoir autorisé le financement d’ « organisations ouvrières de gauche » de pays étrangers, pour corruption, etc., etc. Or, aucun de ces enquêtes de justice n’a réussi à établir sa responsabilité personnelle, qui ne soit pas confondue avec celle de sa fonction de chef de l’Etat en exercice. Même l’accusation pour persécutions contre la minorité turque et les expulsions de force n’a pas abouti, car en Bulgarie le droit à cette époque reconnaissait seulement les crimes contres « des races et des nationalités », mais pas contre des minorités ethniques. Todor Jivkov est décédé le 5 aout 1998. Il est parti de ce monde sans avoir été jugé responsable d’aucun des crimes politiques durant ses 33 ans à la tête de toute la machinerie de l’Etat.

Version française : Miladina Monova


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