Sale temps pour les Balkans qui sont devenus la plaque tournante des flux migratoires de réfugiés qui fuient le Proche-Orient et espèrent trouver un toit et une vie meilleure en Europe occidentale. Après la Grèce et la Bulgarie, c’est au tour de la Macédoine d’essayer d’endiguer le flux incessant de réfugiés, que même le gaz lacrymogène des forces de l’ordre ne réussit à dissuader. La migration a été placée au centre des entretiens du chef de la diplomatie bulgare Daniel Mitov à Skopje, ce qui est tout à fait compréhensible, car la crise des réfugiés risque de prendre des proportions humanitaires. « La Bulgarie et la Macédoine ont une frontière commune et un destin commun, et il est tout à fait normal qu’elles s’entre-aident » a déclaré de son côté Nikola Poposki, chef de la diplomatie macédonienne. Ce à quoi, Daniel Mitov a répondu que Sofia appuiera les efforts de la Macédoine pour obtenir une aide logistique et financière de la part des institutions européennes. Surtout que la pression migratoire est sans précédent…De nos jours, la Bulgarie assure la sécurité de ses propres frontières qui sont aussi celles, extérieures, de l’Union européenne. 

Et pendant que le ministre bulgare des Affaires étrangères promettait du soutien à Skopje, en Bulgarie, le ministre de la Défense, Nikolay Nentchev annonçait que des unités de l’armée seront déployées en renfort à la PAF sur les frontières occidentales de la Bulgarie. La présence de l’armée à la frontière n’est pas normale en temps de paix, et la Bulgarie aurait pu essuyer les critiques de Bruxelles, mais la situation a changé, si bien que le porte-parole de la Commission européenne a souligné qu’il relevait de la décision de chaque pays membre de trouver les meilleurs moyens d’assurer la sécurité de ses frontières. Toute porte à croire que l’avertissement d’Angela Merkel a bien été entendu, la chancelière allemande qui a prévenu que l’Europe est dressée devant «une situation exceptionnelle qui va durer, tant que les crises que nous connaissons n'auront pas été réglées." Situation bien plus préoccupante que le dossier de la Grèce et la stabilité de l’euro…

A un moment, où le traité de voisinage et de coopération tant attendu entre la Bulgarie et la Macédoine est en passe d’être finalisé, il est fort à craindre que la pression migratoire impose des décisions défavorables aux relations bilatérales. La Bulgarie a déjà fait appel à l’armée à sa frontière avec la Macédoine, comme cela a déjà été fait à la frontière entre la Grèce et la Serbie, sans parler des murs de barbelés avec la Turquie. Une chose est sûre, l’afflux des centaines de milliers de migrants est un défi immense qui invite à reconsidérer certaines politiques à propos de la libre circulation des personnes entre la Bulgarie et la Macédoine. Sofia pourrait ne pas partager les accusations de Skopje lancées à l’égard de la Grèce qui dérouterait les migrants sur la Macédoine. Une question à la fois vaste et délicate que ne sauraient régler les traités bilatéraux, aussi parfaits soient-ils. Une chose est sûre, malgré la complexité de la situation, la Bulgarie et la Macédoine doivent préserver leurs relations positives et constructives.

Version française : Sonia Vasséva