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La violoniste Elmira Darvarova ressuscite des chefs-d’œuvre tombés dans l’oubli

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Photo: Albéna Bézovska



Récemment le Palais national de la Culture à Sofia a accueilli un concert très intéressant. Trois femmes bulgares de renommée mondiale qui ont consacré leur vie à la musique se sont rencontrées pour la deuxième fois pour participer au programme “New York – Stockholm – Sofia”, dont la première a été en 2014 à Stockholm. Le titre fait référence aux villes où habitent les interprètes et suggère également la diversité des styles et époques présentés par la violoniste Elmira Darvarova (New York), la pianiste Antonina Bonéva (Sofia) et la soprano Viara Trendafilova, plus connue comme Viara Trenda (Stockholm).

Quelques jours avant le concert, Elmira Darvarova a reçu la “Plume d’Or”, un prix bulgare prestigieux dans le domaine de la culture.

“Depuis le début de l’année je suis emportée par un tourbillon d’événements – raconte Elmira Darvarova. – J’ai un peu le vertige. Je ne sais même pas dans quelle ville je me réveille, il faut que je fasse des efforts pour me rappeler où je suis. En janvier est sorti mon disc que j’ai enregistré avec la pianiste japonaise Shoko Inoue au Canada où elle habite. Il contient la Sonate pour violon et piano de César Franck et la Sonate dite Le Printemps de Ludwig van Beethoven, mais aussi les Romances de Clara Schumann. Moi, j’ai un faible pour les femmes compositrices. Et je suis très heureuse d’avoir pu également ressusciter une œuvre d’Amanda Maier, une Suédoise et amie de Johannes Brahms. La sonate que nous avons interprétée avec Antonina Bonéva nous l’avons présentée pour la première fois au public de Stockholm. Elle n’était pas interprétée plus de 100 ans.

Au début de l’année, j’ai participé à New York à un projet appelé Shéhérazade. On avait invité des instrumentistes d’orchestres d’élite des Etats-Unis et moi, j’ai été le premier violon. L’idée de ce projet, c’est que comme Shéhérazade, aujourd’hui on peut aussi prévenir la violence avec le dialogue et la diplomatie. Le concert a eu lieu à Carnegie Hall, et moi, j’étais l’ ”héroïne principale” avec mon interprétation solo de la Shéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov et quelques autres œuvres. J’ai également un disque et un programme de concert communs avec Aman et Ayan Alihan, deux frères super stars. Ils sont septième génération de musiciens classiques indiens. Ils jouent le sarod, un instrument à 19 cordes. Nous mélangeons des éléments des différentes traditions que nous représentons. Selon leur thèse, entre la musique orientale et occidentale il existe un “ADN commun”, qui n’a pas été détruit au cours des siècles derniers par les règles strictes des styles musicaux en Europe Occidentale. L’autre idée des deux frères est que les représentants des différentes traditions, nationalités, genres, religions, peuvent montrer ensemble la beauté de la musique, que l’art peut unir toutes les différences. Nous avons enregistré notre projet en Inde au mois de mars et le disque va nous accompagner pendant notre tournée mondiale dans les trois prochaines années.”

“Je suis fière que je suis parmi les interprètes qui ressuscitent des chefs-d’œuvre de compositeurs talentueux tombés dans l’oubli pour une raison ou une autre - continue Elmira. - Sur la une du dernier numéro qui vient de sortir du magazine britannique “Gramophone” est publié un article sur le disque que j’ai enregistré avec l’Orchestre de la Radio de Vienne, à savoir le Concerto pour violon de Vernon Duke, dont le nom de naissance est Vladimir Dukelsky. C’est encore une “musique ressuscitée”. Celui qui lui suggère d’adopter le nom de “Vernon Duke” est George Gershwin. Le Russe, naturalisé américain, devient très célèbre avec ses music-halls pour Broadway et Hollywood. Il a composé également nombre d’œuvres classiques parmi lesquelles le Concerto pour violon en question, écrit il y a 75 ans pour Jascha Heifetz. Mais le grand violoniste juif russe naturalisé américain refuse de payer la commission. Le Concerto n’est pas enregistré à l’époque et il est resté pendant des décennies dans les archives. Je suis la première à l’avoir enregistré. La musique est magnifique, elle rappelle beaucoup le style de Prokofiev, un ami proche de Dukelsky. D’ailleurs, ce Concerto a changé ma vie. J’ai renoncé à ma carrière de premier violon après que la veuve de Vernon Duke m’a proposé d’enregistrer cette œuvre. Elle avait gardé la partition pendant des années en recherchant un soliste qui lui convienne. Alors, j’ai pris la décision de me consacrer totalement aux concerts et aux enregistrements. C’était il y a environ 6 ans. Depuis, j’ai enregistré six disques.”

Version française: Sia Karaguiozova




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