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La Bulgarie a-t-elle compris ce qui se produisait réellement en Macédoine ?

Macédoine
Photo: Archives
Une semaine après les tirs échangés entre un groupe armé et la police dans la ville macédonienne de Koumanovo, nous continuons à nous demander toujours ce qui a pu provoquer une telle confrontation, qui a fait des dizaines de victimes. Mais nous n’avons toujours pas de réponse. Le ministre bulgare des Affaires étrangères Daniel Mitov a posé la question à son homologue macédonien Nikola Poposki, si ce dernier pouvait apporter des éclaircissements. De son côté, le Conseil de sécurité auprès du gouvernement a déduit de la réponse qu’il n’y a pas de tensions à la frontière avec la Macédoine et que le plus important c’est le maintien de l’intégrité territoriale de la Macédoine et sa stabilité politique. Le ministre de la Défense Nikolay Nentchev a déclaré que, si nécessaire, l’armée bulgare contribuera à l’effort de défense de nos frontières.

Les fusillades ont duré une seule nuit et depuis la ville de Koumanovo a retrouvé le calme. Cependant, le Premier ministre Boyko Borissov a annoncé que des points de passage sont en préparation, pour les Macédoniens munis de passeports bulgares. En cas de crise humanitaire, ces derniers pourraient se réfugier en Bulgarie. Les inquiétudes du gouvernement bulgare ont été apparemment si grandes qu’il a ordonné des entrainements spéciaux de l’armée et des forces spéciales de lutte contre le terrorisme.

De la presse macédonienne nous apprenons que dix membres du groupe terroriste ont été tués et qu’une trentaine a été arrêtée. Ce qui est déjà établi, c’est que les leaders du groupe armé sont principalement des Albanais du Kossovo et que malgré leur implantation dans un quartier albanais de Koumanovo, ils n’ont pas reçu le soutien de la population locale.

Le chef de la défense bulgare, le vice-amiral Roumen Nikolov affirme que pour le moment, les services spéciaux bulgares ne savent pas si les affrontements du 9 mai ont été « spontanés » ou faisait partie d’un scénario politique. Car la situation politique dans le pays est plus que confuse. Depuis des semaines les rues de Skopje sont envahies par des manifestants qui demandent la démission du gouvernement du VMRO-DPMNE, compromis dans de nombreuses affaires. Il y a quelques jours, plusieurs ministres ont démissionnés, mais une grande manifestation est prévue ce dimanche 17 mai, demandant la démission du Premier ministre Nikola Gruevski.

En Bulgarie, les partis politiques ont également réagi à la situation en Macédoine. Le mouvement des Droits et Libertés a vanté les mérites du modèle ethnique bulgare et a insisté sur le besoin de mettre en place une nouvelle stratégie d’intégration des Balkans occidentaux au sein de l’UE. Le Parti socialiste a aussi insisté sur la nécessité de ne plus faire trainer l’agenda d’adhésion de cette partie des Balkans, car cela menace de déstabiliser l’ensemble de la région. Le parti ultra-nationaliste VMRO de son côté propose que Sofia se pose en médiateur dans la recherche d’un consensus entre la Macédoine, la Serbie et le Kossovo et l’Albanie et qu’elle se préoccupe plus du sort des minorités bulgares dans ces pays. Le point culminant est prévu le 17 mai, date à laquelle l’opposition et les mouvements contestataires contre le gouvernement du VMRO-DPMNE ont appelé à une grande manifestation. Une contre-manifestation des sympathisants des partis au pouvoir a été annoncée pour le 18 mai.

Version française: Miladina Monova



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