Un livre extraordinaire nous transportant au IXème siècle dramatique du Moyen Age bulgare vient d’être publié au moment où l’on célèbre les 1150 ans depuis la conversion de la Bulgarie au christianisme sous le règne de Boris Ier. Il s’appelle “Visions oniriques sur le Saint Tsar Boris Ier” et son auteur est le célèbre scénariste, écrivain et personnalité publique Angel Wagenstein. Le livre se dévore d’une seule traite. Une des raisons en est que l’auteur se tourne souvent directement au lecteur. “Écoute maintenant, mon frère: je vais te raconter mon rêve sur Boris, je vais te le chanter, je vais te le pleurer.” Et emporté par l’histoire, on a du mal à lâcher le sujet épique, le langage riche et ancien, les personnages et les scènes pleins de dramatisme.
Le tsar Boris Ier ne doit pas sa gloire aux victoires sur les champs de bataille. Mais en revanche, il a une vision très claire pour son Etat: “Même la pire paix vaut mieux pour nous que la meilleure guerre. Il nous faut la paix - durable, permanente et stable pour construire ce que j’ai en tête”, dit-il dans le livre. Son idée est d'unir les Bulgares et les Slaves adorant les dieux païens dans un Etat chrétien avec une seule écriture. Cela provoque la résistance de 52 boyards, dont les familles entières ont été massacrées. Boris Ier n’a aucune pitié même pour son fils aîné Vladimir Rassaté qui, une fois s’étant installé sur le trône, décide de restaurer le paganisme. Alors son père, mécontent, revient au pouvoir pour le destituer, l'aveugler et jeter en prison.
« Ce livre de Wagenstein montre une fois de plus son incroyable capacité de s’incarner dans des époques historiques et états différents – a dit lors de la première du livre le poète et écrivain Ivan Granitski. - La langue est très adéquate à l'époque de Boris. Derrière l’apparente légèreté du langage, riche en images et en comparaisons, se cachent un effort incroyable et beaucoup de connaissances historiques... Le tsar Boris Ier est une figure glorieuse et tragique, qui effectue la conversion des Bulgares au christianisme, avec quoi il détermine le sort futur de nos ancêtres. Il est notre chef d'Etat le plus important, grâce à qui nous avons survécu. »
Voici l'opinion de Boyan Anguélov, le président de l'Union des écrivains bulgares: "Le rôle de Boris Ier est d'une importance capitale pour l'histoire de la Bulgarie car il surmonte le paganisme et sur la carte de l'Europe médiévale commence à briller dans toute sa splendeur le plus grand et puissant État de l’époque qui, sous le règne de son troisième fils Siméon Ier atteindra de nouveaux sommets et agrandira encore son territoire - de la mer Noire jusqu’à l'Adriatique, des Carpates et de la Transylvanie jusqu’à la Croatie et les murs de Constantinople. »
Dans son livre Angel Wagenstein parle également des disciples des saints frères Cyrille et Méthode, les créateurs de l'alphabet slave et co-patrons de l'Europe. En les accueillant dans son Etat, Boris Ier fonde deux écoles, à Pliska et Ohride, destinées à développer la littérature et la liturgie slavonique, qui ne tarderont pas à donner leurs fruits spirituels. La nouvelle écriture et les nouveaux livres se répandent parmi d'autres peuples également.
Version française : Sia Karaguiozova
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