L’écrivain Emilian Stanev nous a quittés en 1979. Ses personnages et ses histoires ont marqué des générations de Bulgares et ils transportent encore notre imagination dans le temps. Tout le monde connaît « Le voleur de pêches », « La légende de Sibin, prince de Preslav », « La reine de Tarnovo ». De son œuvre, l’écrivain disait : « La vérité ? Gardez-là pour vous, si vous la connaissez ! Et moi, laissez-moi l’illusion ». Ecoutons un enregistrement des archives de la RNB qui nous permet d’entendre la voie de l’auteur et son propre récit sur sa vie.
« Je me suis formé en tant qu’écrivain dans les pires conditions et sans avoir été porté par une quelconque éducation littéraire. J’ai grandi dans une petite ville et mes tentatives littéraires d’alors étaient sujettes à moqueries. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est précisément ces conditions particulières qui m’ont motivé. C’était un test pour mon talent et pour que le talent s’épanouisse, il faut qu’il y ait à quoi résister. Lorsqu’en 1932 je suis arrivé à Sofia, j’ai déposé deux nouvelles chez un éditeur et elles ont été tout de suite été publiées. Même si cela peut paraître prétentieux, je me suis formé comme écrivain moi-même, sans l’aide de personne, à l’exception des écrivains russes, français ou autres que j’avais lu ».
Les sujets des romans historiques d’Emilian Stanev sont plus le résultat de ses propres interrogations philosophique que celui du travail d’historien. Il se pose les questions pourquoi tel événement s’est-il déroulé de cette manière ou pourquoi devait-il nous arriver ? Au sujet de Dieu et du sacré il écrit : « L’idée de Dieu est d’une grande simplicité. Elle est sans doute née du besoin de l’homme de s’imaginer le monde comme un tout unifié et simplifié par la force et la volonté d’une puissance supérieure. L’Etat est né du même besoin ».
Emilian Stanev est né en 1907 à Véliko Tarnovo. A son adolescence, sa famille déménage dans la petite ville d’Elena. Son père l’emmenait depuis tout petit à la chasse, Emilian aime être dans la nature est ce hobby est présent dans ses écrits. Après le lycée, il étudie un certain temps la peinture. Dans les années trente, il commence des études de finances et commerce à l’Université de Sofia. C’est aussi la période de ses premières publications littéraires.
En 1971, Stanev reçoit le grand prix littéraire « Ivan Vazov », pour son roman « Antéchrist ». En 1975 il est lauréat du prix « Yordan Yovkov », pour la totalité de son œuvre. Malgré cette reconnaissance, l’écrivain ne correspond pas au stéréotype d’écrivain du régime totalitaire. Ecoutons le grand auteur et son idée de la mission de l’écrivain.
« A mon avis, la mission de l’écrivain a toujours été la même. Il cherche à éveiller la dimension divine en chacun et non pas l’animalesque. Il aide le lecteur à trouver le sens, la foi, l’amour, la beauté, à développer des valeurs humanistes et un esprit de combat, à inspirer la foi en l’avenir et en la vie. Un bon livre inspire de la joie, des sentiments de bonheur, car il vous donne une autre information sur le monde, celle de l’auteur qui est doté d’un œil de peintre, comme disait Goethe. C’est aussi la mission de l’écrivain dans une société socialiste. »
L’amour de l’écrivain pour la Bulgarie, son rejet de la médiocrité, sa liberté d’exprimer ses vérités n’en font pas un enfant gâté du régime. Même si le Secrétaire général du parti communiste et chef d’Etat Todor Jivkov l’invitait souvent pour aller à la chasse avec lui, même s’il était recommandé pour devenir député à l’Assemblée nationale, leurs relations étaient froides. Leurs contacts cessent, lorsque l’écrivain dit à Jivkov « Dites, pourquoi vous ne rendez pas la terre aux gens, comme c’était dans le temps, pour que les problèmes s’arrangent ?»
L’écrivain Yordan Radichkov se souvient d’Emilian Stanev, qui était son ami. Ce dernier, raconte Radichkov, aimait à dire : « Quand nous accumulons des souvenirs, nous accumulons de la vitalité. Il vaut mieux accumuler des souvenirs que de l’argent. »
Version française : Miladina Monova
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