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1970: Emil Dimitrov et l’histoire d’une chanson emblématique

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Photo: Archives

En 1970, le chanteur bulgare Emile Dimitrov compose la musique de son impérissable « Mon pays », chanson devenue populaire comme « Mon pays, ma Bulgarie » qu’il consacre à son fils. Les paroles ont été écrites par Vassil Andreev et l’arrangement est celui de Mitko Chterev. Les archives de la RNB conservent précieusement un enregistrement de l’interprétation d’Emile Dimitrov accompagné de l’Orchestre « Les bleu-blancs ». Il date de 1970.

Combien de nuits je n'ai pas dormi
Combien de chemins j'ai parcourus
Pour revenir
Combien de chansons j'ai chantées
Combien de peine j'ai éprouvée
Pour revenir
Dans mon beau pays
Père, mère et femme
A embrasser
Là, sous le ciel natal
Mon enfant attend
Que je revienne.

Mon pays, ma Bulgarie
Mon amour, ma Bulgarie
Ma tristesse, ma Bulgarie
Près de toi, je retrouverai  l'amour pour toujours

Inconnu pour mourir
Je reviendrai
Dans mon beau pays
L'herbe et la terre
à embrasser

Ils ne connaissent pas le vent
qui m'étreint

Lorsque je reviendrai

Mon pays, ma Bulgarie
Mon amour, ma Bulgarie
Ma tristesse, ma Bulgarie
Près de toi, je retrouverai  l'amour pour toujours.

Mon pays, ma Bulgarie
Mon beau pays
Je reviendrai.

La chanson « Mon pays, ma Bulgarie » a été interdite. La cause – la censure de l’époque percevait les paroles comme une invitation sous-jacente  à l’émigration et les jugeait teintés d’influence embourgeoisante. Emile Dimitrov raconte que « Ses auteurs ont été accusés de l’avoir écrite à l’attention d’émigrés bulgares à l’étranger. Les accusateurs avaient omis un détail important, de lire les deux petits mots « pour revenir ». Moi, jе l’ai proposée au festival « L’Orphée d’Or » - malheureusement ils ont changé le règlement, ce qui fait que je n’ai pas reçu de prix… »

Un fait curieux est qu’au départ la version initiale était en français. Elle est sortie en France et son titre était « Monica ». Elle a « cartonné » pendant un moment. Après de multiples concerts et prestations à Paris, malgré l’opportunité qui s’offrait à lui d’y rester et d’y travailler, Émile Dimitrov a choisi de retourner en Bulgarie. Hristo Kourtev, président de l’Académie internationale des Arts à Paris, nous dit que nombre des chansons d’Emile Dimitrov ont été reprises par des interprètes belges, hollandais, allemands, marocains et libanais. Ainsi Emile Dimitrov devient le premier membre de l’Union des compositeurs français et commence à percevoir des royalties du monde entier. Nonobstant ce fait – les portes de l’Union des compositeurs bulgares restent fermées pour lui pour son manque d’éducation musicale. Outre en France, Emile Dimitrov rencontre un succès fulgurant également en l’ex URSS, où il chante dans des salles et stades combles.

Né le 23 décembre 1940, dans une famille d’illusionnistes, déjà petit il tombe amoureux de la scène. Il réussit avec brio le concours d’admission à l’Ecole supérieure nationale des arts scéniques et de cinéma aux côtés d’Ilka Zafirova. Ce fut en 1962, qu’il interprète pour la première fois « Arlequin » qui marquera le début d’une carrière brillante.

De 2000 à 2005, Emile Dimitrov interrompt sa carrière musicale active suite à un état de santé fragile. Il aura créé au total plus de 400 chansons, aussi bien pour lui, que pour les autres. Les arrangements sont dus à plusieurs compositeurs : Mitko Chterev, Moris Alladjem, Alexandre Yossifov, Nayden Andreev et beaucoup d’autres.

En 2012 la RBN, produit en collaboration avec la fondation « Emile Dimitrov » un CD réunissant ses plus belles chansons dont il est l’auteur-compositeur et interprète. Par le biais de la musique, Emile Dimitrov serait parvenu à établir une passerelle invisible entre l’Est et l’Occident. Dans une de ses dernières interviews, Emile laisse entendre qu’il n’aura jamais assez de l’amour de son public et qu’en même temps il ne croît pas que ses chansons perdureront au-delà de sa mort. Faux - une supposition, qui s’est avérée heureusement complètement erronée,  à notre plus grand bonheur. Car le « prince » de notre musique « pop » restera à tout jamais gravé dans la mémoire.

Version française : Lubomira Ivanova



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