Au lendemain de la visite emblématique du Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, Philip Hammond, ce fut au tour de John Kerry, le Secrétaire d’Etat des USA d’effectuer une visite officielle en Bulgarie, la première depuis qu’il occupe ce poste dans l’administration de Barack Obama.

Son programme lui a fait rencontrer le président de la République Rossen Plévnéliev, le premier ministre Boyko Borissov et le chef de la diplomatie bulgare Daniel Mitov. « La Bulgarie et les USA ont confirmé leur partenariat stratégique », a déclaré le premier ministre Boyko Borissov à l’issue de son entretien avec John Kerry. A ses dires, les deux pays ont passé en revue tous les défis régionaux et mondiaux en accentuant sur la nécessité de la coopération politique, mais aussi dans les sphères de la sécurité et de la défense.

„Dobar den et bonjour! C’est un immense plaisir pour moi d’être aujourd’hui à Sofia à ce moment symbolique pour notre partenariat. Car nous vivons une époque de défis quotidiens à relever, des défis auxquels la Bulgarie et la région toute entière doivent faire face, a déclaré John Kerry en saluant les journalistes en bulgare. - Je suis venu en Bulgarie pour faire en sorte que chaque Bulgare sache que les USA sont entièrement engagés en faveur de la sécurité, la prospérité, la viabilité et la force des institutions démocratiques bulgares. Après avoir rencontré votre président de la République et votre premier ministre, je suis profondément convaincu que pour la Bulgarie, 2015 pourrait marquer un tournant vers la stabilité et la prospérité économique. Je fais aussi référence à l’Article 5 des Statuts de l’OTAN, concernant la défense collective et les engagements à l’égard de chaque pays membre, et je confirme nos engagements fermes pour la sécurité de la Bulgarie. Cela fait plus de 10 ans que nous avançons main dans la main avec vous, en tant que partenaires de l’Alliance Nord-atlantique dans les Balkans, en Afghanistan et en Irak et nous confirmons notre soutien sans réserve à la Bulgarie. Le projet d’une Europe de la paix n’a pas encore abouti. Les USA tiendront leur engagement pour une Bulgarie puissante et souveraine. »

La diversification des sources d’énergie a été un des sujets abordés lors de la visite de John Kerry en Bulgarie. La Bulgarie mérite une meilleure sécurité énergétique et à un prix plus raisonnable, vu que le projet « South stream » n’aura pas lieu. Je voudrais croire que la Russie ne pensera pas à la vengeance et qu’elle sera en mesure d’adopter des décisions différentes de celles auxquelles elle a tenu jusqu’à présent. Toujours est-il que les USA soutiennent le désir d’indépendance énergétique de la Bulgarie, surtout après l’abandon de « South stream » par la Russie : 

„Je ne vise aucun pays, comprenez-moi bien - a ajouté John Kerry. - Il s’agit d’une réalité à laquelle nous devons nous conformer. Aucun pays ne doit dépendre à 100% d’un autre quand il s’agit des approvisionnements énergétiques. Les USA sont prêts à aider la Bulgarie qui a dû prendre des décisions difficiles pour se défendre. Nous souhaitons vous aider à attirer des investissements et nous allons vous accompagner dans la mise en place d’un Plan de développement de l’énergie en Bulgarie. Pour que les investissements restent dans le pays, il faut garantir une gouvernance transparente, une réforme dans le système judiciaire, la lutte contre la corruption, la suprématie de la loi… »

Concernant le dossier épineux du gaz de schiste, Boyko Borissov a tenu à préciser que la position de la Bulgarie reste inchangée - « elle est très claire et elle est connue de nos partenaires ! »

„Nous avons déclaré plus d’une fois qu’un moratoire est imposé sur l’exploration du gaz de schiste. Et il sera maintenu tant qu’on n’aura pas découvert une technologie qui garantisse à 100% la propreté de l’environnement. Car les gisements de gaz dont il est question occupent les sols les plus fertiles de Bulgarie. Pour ce qui est de la construction d’un 7^e réacteur à la centrale nucléaire de Kozlodouy par la compagnie américaine Westinghouse, un groupe de travail a été créé pour juger de la faisabilité de ce projet. J’ai sollicité cette entreprise et je souhaite qu’elle fasse les investissements, soutenue par l’Exim Bank, pour que nous trouvions ensemble un schéma financier et économique qui ne nous oblige pas à dépasser le déficit budgétaire ou à engager des garanties qui alourdissent le fardeau de notre dette. »

In fine, la Bulgarie et les USA sont convenus de créer 4 groupes de travail dans les secteurs-clé de la sécurité et la défense, la sécurité énergétique, la suprématie de la loi et l’éducation et les échanges entre les peuples.

Quant à la question délicate des visas dont les Bulgares ont toujours besoin pour se rendre aux USA, la réponse a été claire - ils tomberont le jour où les refus seront inférieurs à 3%. En Bulgarie, en 2014, ils ont été de 15%...

Version française: Sonia Vasséva