Le cinéma bulgare fête en 2015 ses 100 ans. Il y a tout juste un siècle, le 13 janvier a été projetée pour la première fois la comédie « Balgaran est galant ». Le scénariste, le réalisateur et l’interprète du film sont une seule et même personne, Vassil Guéndov. Il a fait ses études à l’Ecole supérieure de Vienne et s’est spécialisé dans le domaine du cinéma à Berlin. Il est l’auteur de la première bande son « L’insurrection des esclaves ». Malheureusement les deux pellicules furent perdues, très probablement suite aux bombardements sur Sofia pendant la Deuxième guerre mondiale, lorsque sa maison est touchée.
Après la proclamation du gouvernement prorusse des années 40 Guéndov n’a plus l’occasion de tourner. Mais en revanche il entreprend une activité très importante – celle du recensement des films de ses collègues, la recherche et la conservation des affiches et publications sur le cinéma, de sorte à constituer les archives nationales cinématographiques qui sont à la base de l’actuelle Filmothèque nationale.
Dans le genre documentaire Alexandre Jekov est considéré comme fondateur avec son film « La Guerre des Balkans ». Pour les chercheurs il apparaît comme une figure énigmatique dont on dispose d’assez peu d’information et ses traces se perdent. Le film qu’il nous lègue par contre fait office de chronique inestimable sur la guerre, tournée sous l’axe de l’arrière garde car la ligne de front à l’époque n’était pas accessible aux correspondants de guerre.
Des décennies durant la bande originale du film était considérée comme égarée mais en 1960 dans le bureau du directeur à l’époque de la Filmothèque Guéorgui Stoyanov – Bigor entre un monsieur élégant grec d’un certain âge et dépose une valise en disant « Je vous apporte un film que vous conserverez peut être pour l’avenir. » Ce film n’était autre que « La guerre des Balkans ».
Cette histoire nous est racontée par la critique de cinéma Antonia Kovatcheva directrice de la Filmothèque nationale bulgare – un des centres les plus importants d’archives de la péninsule des Balkans. Il abrite 15 000 titres dont 9700 bulgares. Les pellicules sont conservées dans 300 milles boîtes métalliques.
« Une autre partie est consacrée aux films bulgares produits après la nationalisation de l’industrie cinématographique et la création de l’organisme national « Cinématographie bulgare », note Antonia Kovatcheva. – La filmothèque possède 10 000 tomes spécialement dédiés au septième art. Nous avons également beaucoup de photos, documents et de passeports des films bulgares. Notre collection est extrêmement riche et nous nous efforçons de la numériser le plus vite possible. Nous sommes très heureux de pouvoir enfin bénéficier d’un financement pour pouvoir fabriquer des dépôts d’archives car pour l’instant nous n’en avons pas. Nous avons un bâtiment, mais qui ne répond pas aux exigences internationales, il nécessite des travaux de reconstruction, d’agrandissement. Ces deux activités doivent être menées parallèlement car la dématérialisation de l’héritage cinématographique signifie un accès facile et rapide pour les générations, au contenu que nous conservons. Dans le même temps il faut préserver les originaux, les négatifs et les positifs car ils sont les supports les plus pérennes pour une conservation durable des films. Toutes les archives mondiales font de grands efforts de conservation des originaux en assurant en même temps l’accès grâce à leur numérisation ».
L’histoire d’un siècle du cinéma bulgare sera narrée au fil de l’année au cinéma « Odéon » à Sofia. Des titres datant des premières décennies y sont déjà projetés: de la fiction et des documentaires. Les spectateurs auront le plaisir de voir des œuvres prisées chez nous ainsi qu’à l’étranger. Et encore : le hall du cinéma « Odéon » accueillera une série d’expositions retraçant le parcours du septième art en Bulgarie.
Version française : Lubomira Ivanova
Crédit photos : Veneta Pavlova
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