Plus un modèle est complexe, plus le risque de défaillance est grand. Dans le cas bulgare, le modèle de gouvernement a été soumis aux arithmétiques du pouvoir et à un objectif politique majeur - isoler le Mouvement des droits et des libertés (MDL). Le Front patriotique (FP) était un élément important de ce modèle, car il assurait une sorte d’alibi au premier ministre Boyko Borissov devant ses électeurs sur l’idée de l’isolement du MDL. Et même si cet objectif politique ne peut donner des résultats durables, des résultats il y en a eu immédiatement en Bulgarie - au niveau des nominations. C’était une bonne occasion pour le FP de manifester son émancipation politique, pour faire plaisir à ses sympathisants, qui attendent des actions politiques concrètes. Les conflits n’ont pas découlé des politiques de gouvernance, ils sont nés par rapport à des acteurs du pouvoir. Pendant trois semaines les "patriotes" ont menacé de retirer leur soutien au gouvernement à cause des nominations d’Orhan Ismaïlov en tant que vice-ministre de la Défense et de Vessélin Pénev en tant que gouverneur régional de Sofia, tous deux proposés par le Parti populaire “Liberté et dignité”, qui fait partie du Bloc réformateur. Le négativisme du FP à l’égard de ce parti et de ses nominations est basé sur le fait qu’il a été créé par des gens qui avaient quitté le MDL. Et même si les "patriotes" donnaient en salle plénière des signes qu’ils pouvaient ébranler le quorum, cela n’a pas effaré les gouvernants. La configuration au parlement est telle qu’elle est capable de créer une “majorité flottante” qui pourrait soutenir certaines politiques et certains actes législatifs. Toujours est-il que  dans la société s’est créée l’impression que le soutien au gouvernement était instable. En prenant en considération ce fait, vendredi dernier, le Bloc réformateur et le Front patriotique se sont de nouveau serrés la main. Les patriotes ont annoncé qu’ils poursuivaient leur soutien, mais à condition que leurs représentants, sans désigner des noms concrets, soient nommés aux postes de vice-ministre de la Défense et de vice-gouverneur régional de Sofia. Un des objectifs de l’affaire consiste à déprogrammer les infos en langue turque de la première chaîne de la Télévision nationale bulgare (BNT 1) pour les diffuser sur BNT 2. Selon les réformateurs, cela ne veut pas dire qu’ils se sont compris avec le FP, mais qu’ils ont abouti à un équilibre, c.-à-d. que chacun conserve ses valeurs, car l’objectif reste de préserver la stabilité du gouvernement.