Il y a 95 ans, le 27 novembre était signé le Traité de Neuilly qui a mis fin à la participation de la Bulgarie au conflit de la Première guerre mondiale. Notre pays se retrouve dans le camp des perdants, il sort du conflit avec un territoire réduit en peau de chagrin, laissant des populations bulgares en dehors des nouvelles frontières de l’Etat. La Bulgarie est aussi condamnée à payer d’énormes réparations de guerres, alors que son armée est soumise à d’importantes restrictions.
Cet anniversaire a été l’occasion d’une rencontre littéraire à la Bibliothèque nationale de Sofia, sous l’intitulé « Nous ne sommes pas divisés », titre du poème « Frontière » du grand poète Emanuil Popdimitrov, qui était aussi un grand défenseur de la cause de l’unification des territoires peuplés de Bulgares. La soirée de commémoration était sous le patronage de la vice-présidente de la République, Margarita Popova.
« Emanuil Popdimitrov est l’homme qui en 1929 a osé se rendre sans invitation à la conférence de Genève qui discutait du sort des minorités dans le Balkans. Il a parlé en tant que représentant du Comité des réfugiésdes confins occidentaux restés en dehors de la Bulgarie. Il a pris la parole et a prononcé un discours inoubliable en français. Ce discours a eu un grand impact politique, et le Royaume yougoslave a été contraint de reconnaître une minorité bulgare sur son territoire. Il a fait en sorte que l’Europe sache toutes les souffrances et injustices que le traité de Neuilly a entrainé pour l’humanité. Lui-même, il parlait au nom des Bulgares qui après le nouveau découpage territorial se sont retrouvés en Yougoslavie. »
Mme Popova a aussi souligné que les Bulgares des confins occidentaux méritent notre admiration car encore aujourd’hui, ils continuent à se battre pour les droits de la minorité bulgare.
« Nous avons la chance de faire partie de la grande famille européenne et nous voulons que nos voisins la rejoignent aussi pour que l’Europe soit encore plus forte. Nous apportons notre soutien à nos voisins pour qu’ils intègrent l’UE mais à condition qu’ils reconnaissent les droits des minorités bulgares sur leurs territoires. Nos compatriotes aussi méritent d’être reconnus avec leur contribution au développement économique de leurs pays. »
Ivan Nikolov, homme de lettres est aussi le directeur du Centre culturel et d’information à Bossilegrad en Serbie, où vit une importante minorité bulgare. Nous lui avons demandé d’évoquer les activités du Centre et de ses contacts avec la Bulgarie.
« Ces dernières années, les contacts avec nos compatriotes en Bulgarie étaient moins fréquents. Mais chez nous, nous devenons plus actifs dans le but non seulement de conserver la culture bulgare dans les confins de l’Est, mais aussi de la développer dans une perspective européenne. C’est pourquoi pour nous la candidature de la Serbie à l’UE est très importante. D’un autre côté, nous comptons sur la Bulgarie qui est déjà membre de l’UE et sur son soutien des Bulgares à l’étranger. Car nous avons été victimes de décennies de politique assimilationniste serbe qui a réussi à faire passer le nombre de Bulgares de 120 000 à 18 500. »
Version francaise : Miladina Monova
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