A Sofia a pris fin une conférence internationale sur le thème « Comment appréhender le passé tout en regardant dans le futur ». Le forum faisait partie de l’initiative citoyenne « 25 ans de Bulgarie libre », organisée sous l’égide du président bulgare  Rossen Plévnéliev. Parmi les conférenciers figuraient des illustres politiques, journalistes, politologues et sociologues du pays et de l’étranger. Ils ont discuté les changements en Europe centrale et orientale  après novembre 1989.

Mais est-ce que le mur de Berlin a été complètement démoli dans les Balkans ou bien ces sociétés sont encore en période de transition vers la démocratie ? Quelques commentaires de la part du professeur Veton Latifi, enseignant en sciences politiques et relations internationales à l’université de l’Europe du Sud-Est à Tetovo en Macédoine.

Quelle est l’image des Balkans aujourd’hui, 25 ans après la chute du régime communiste ?

« De nos jours, les Balkans ont une physionomie différente. Elle n’est peut-être pas très évidente lorsqu’on parle de démocratie. En partie aussi parce qu’il y a 25 ans on considérait à tort que la démocratie s’installerait automatiquement une fois le régime totalitaire aboli. Or, certains pays des Balkans continuent à éprouver un déficit de démocratie et éprouvent des difficultés dues à son fonctionnement illusoire.  Mais malgré tout, partout dans les Balkans il existe une dose d’optimisme et une route commune vers l’intégration euro-atlantique. Certains pays ont de l’avance  par rapport à d’autres qui sont encore à la traine. Il est important qu’il soit clair que le thème du passé communiste ne doit pas être un prétexte à de nouvelles polémiques, mais qu’il doit être perçu plutôt comme un postulat pour les Balkans qui doivent prendre conscience des notions de liberté, de démocratie et d’avenir partagé. Aujourd’hui nous devons nous focaliser sur les projets communs sans que l’histoire nous empêche d’évoluer  économiquement, politiquement et intellectuellement. Il ne doit pas nous échapper de vue que l’Union européennea été créée dans le but d’établir la paix et la prospérité. Gardons-nous de considérer l’intégration à l’UE comme une simple tâche administrative que nous avons à accomplir vis-à-vis de Bruxelles.Nous devons construire la route de la coopération, de l’entente et trouver les bons compromis. Si ne fut ce qu’un des pays des Balkans n’établit pas pleinement la démocratie, il nous sera impossible de concevoir l’intégration de la région, et les Balkans seront loin d’être une zone de sécurité  porteuse d’avenir ».

Y a-t-il  un mur de Berlin que les Balkans devraient démolir ?

« La chute du mur de Berlin incarne la chute du régime communiste en Europe du Sud-Est et le symbole de la liberté. Durant ces 25 années beaucoup de pays de l’ex-bloc communiste sont parvenus à détruire également les murs des préjugés, des stéréotypes, ses discours destructeurs, des démarches conflictuelles et des a priori historiques à l’égard des uns et des autres. Toutefois on observe dans les Balkans une démarche démocratique partielle lors des prises de décisions. Il est encore fréquent que l’on maintienne les anciens stéréotypes des élites politiques qui convoitent les méthodes de dictature en politique. Nous voyons encore de nos jours une société qui est ouverte seulement en apparence, non pas dans son essence. Ce sont tous ces micro-murs hérités du communisme qui forment une véritable muraille. C’est à nous de trouver la bonne formule pour leur abolition mais sans violence. La moindre des choses serait de transformer tous ces micro-murs du système de sorte que le changement qui en découle soit véritablement démocratique. »

Version française : Lubomira Ivanova