Le développement socio-économique de la Bulgarie à l’issue des réformes de 1989 a accéléré le processus de différenciation sociale et de polarisation de la société.Le niveau de vie d’une grande partie de la population a considérablement baissé. Ce processus a renforcé l’intérêt pour les études de la pauvreté et la nécessité d’appliquer de bonnes pratiques afin de la surmonter.
C’est ce qu’on peut lire dans un rapport du ministère du Travail et des Affaires sociales, publié d’il y a une dizaine d’années, selon lequel la pauvreté est fonction directe des changements intervenus dans la situation économique du pays. En dépit de la tendance qui s’affirme vers une pauvreté durable, on n’a toujours pas établi officiellement « la ligne de la pauvreté » et par conséquent une politique sociale adéquate n’a pu être mise en place. En 2013, le gouvernement a placé dans la catégorie « pauvres » les ménages qui vivent avec 125 euros par mois ou moins. Les Bulgares ont bien raison de dire qu’il est inconcevable de parler de vie décente quand une famille avec deux enfants doit vivre avec quelque 400 euros par mois. En effet, que peut évaluer au juste cet indicateur, s’interrogent les gens, puisqu’il y a des retraites dont le montant est de 50 euros en dessous de cette fameuse ligne de pauvreté. Selon le professeur Gantcho Gantchev de l’Institut d’Economie et de Relations Internationales, la pauvreté est le grand problème du moment. C’est ce problème qui est au centre de l’étude conduite par le professeur et son équipe et qui porte sur les différents aspects de la lutte contre la pauvreté en Bulgarie au cours des dernières années.
Les experts relèvent que le modèle de développement économique datant de 1997 est complètement épuisé. Le pays est entré dans une phase qui se caractérise par des difficultés de sortir de la crise et des secousses dans le secteur bancaire. Les thèses selon lesquelles l’émergence d’un grand nombre de personnes riches et pauvres jouerait un rôle d’encouragement économique ne marchent pas en Bulgarie, a dit le professeur Gantchev. Il a par ailleurs rappelé que la Bulgarie figure toujours parmi les pays européens avec le plus grand écart entre riches et pauvres. Les Bulgares sont toujours en tête de ce triste classement européen de la pauvreté. Toujours selon les auteurs de l’étude, le fait le plus préoccupant c’est que le tiers des pauvres ne sont pas au chômage, mais leurs revenus sont tels, qu’ils se retrouvent sous la ligne de pauvreté. Le plus grand nombre de ces nouveaux pauvres sont des Roms, des retraités et des personnes ayant un faible niveau d’instruction.« Les faibles revenus, le niveau élevé du chômage, le chômage de longue durée ont un effet négatif sur l’économie en général » dit Spaska Pétrova, vice-ministre du Travail dans le cabinet intérimaire de Guéorgui Bliznachki.
« L’étude sur la pauvreté a montré que les mesures appliquées à ce jour ne sont pas suffisantes. La crise économique mondiale a frappé de plein fouet l’économie nationale. Ses retombées sociales impactent négativement sur notre objectif qui est de faire baisser le nombre des pauvres de 260 mille personnes à l’horizon 2020. La Bulgarie figure parmi les pays à un risque de pauvreté au-dessus de la moyenne dans l’UE. Un des programmes opérationnels qui a pour objectif de réduire l’impact des retombées de la pauvreté dans le cadre de la stratégie Europe 2020 est ciblé prioritairement sur les Bulgares les plus pauvres et ils en seront les bénéficiaires en 2015. » Toutes les études menées dans ce sens jusqu’à présent montrent les dimensions du problème par régions et ont permis d’établir une carte de la pauvreté sur l’ensemble du territoire. Le Sud-ouest est la région la mieux développée, mais dans l’ensemble on constate une tendance à l’approfondissement de la pauvreté. Le tourisme était considéré un peu comme une panacée pour relancer l’économie. Néanmoins, le secteur ne donne pas de bonnes nouvelles et c’est le maître de recherche Preslav Dimitrov qui donne la réponse à la question pourquoi.
« Même une baisse minimale du PIB se répercute directement et proportionnellement sur les recettes en provenance du tourisme. Très éloquents sous ce rapport sont les revenus des personnes employées dans le secteur. Depuis 2000 à ce jour, les salaires ont été augmentés de près de 200 euros, or il faut avoir en vue que le tourisme emploie des personnels saisonniers. Par ailleurs, il n’existe pas de mécanisme social susceptible de retenir les personnels formés. On recrute chaque année et il faut former les nouvelles recrues, ce qui fait qu’au final les salaires ne sont guère élevés. Dans ce cas de figure, en 2024 nous sommes en droit de prévoir, qu’en 2024 les revenus seront toujours en dessous de 500 euros et le secteur continuera à générer la pauvreté. »
Version française: Roumiana Markova
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