Par tradition, l’adoption en Bulgarie est un sujet tabou, enveloppé de mystères. Les raisons en sont différentes : peur de perdre l’amour de l’enfant, les problèmes de fertilité qui sortent à la surface, que vont dire les voisins ? Cependant ces derniers temps la situation change en faveur de la visibilité et de la vérité, une chance pour la société de se débarrasser des préjugés liés à l’adoption et de se rendre compte que l’adoption est un acte digne de respect et une chance d’agrandir la famille. Après, il faut aussi nous poser la question pourquoi il y a tant d’enfants abandonnés en temps de paix et où est la prévention dans tout cela.

Selon les données de l’Agence bulgare pour la protection de l’enfant valables au mois de juillet 2014, 1567 personnes attendent de pouvoir adopter un enfant et sur ce fond 3248 enfants attendent d’être adoptés. « Nous constatons malheureusement une tendance négative – depuis 2008, le nombre des candidats à l’adoption est réduit de moitié alors que le nombre des enfants en attente d’adoption est en progression », a dit Rossitsa Ivanova, juriste à l’Association bulgare des adoptés et des adoptants.

Malgré cette statistique alarmante, un scandale d’adoption a éclaté dans la société bulgare ces quelques derniers jours. Une chaîne de télévision privée a dévoilé un schéma de corruption qui consistait en la vente d’enfants contre un pot-de-vin variant entre 5 000 et 15 000 euros.

« Les services compétents doivent immédiatement intervenir quand ils sont saisis, - dit Rossitsa Ivanova. – Il faut enquêter sur chaque dossier criminel et inciter les candidats à l’adoption à saisir à chaque fois les autorités compétentes. D’autre part, si les parents adoptifs participent à des schémas illégaux, ils sont aussi considérés d’auteurs de crime et n’ont pas intérêt à divulguer ces informations ».

Selon Rossitsa Ivanova, la législation bulgare dans le domaine de l’adoption n’a pas besoin de remaniement. Toujours est-il qu’il faut procéder à une optimisation, oublier les démarches formelles et procéder à une évaluation plus approfondie des candidats à l’adoption et leur motivation.

« Nous avons souvent affaire à des candidats dont la motivation n’est pas très claire. Cela est à l’origine d’un tas de problèmes par la suite car les parents adoptifs s’avèrent mal préparés voire même incapables d’élever leurs enfants », explique Rossitsa Ivanova.

Parfois les attentes irréalistes conduisent à la révocation de l’adoption ce qui est traumatisant pour l’enfant. Il faut donc mettre à jour la méthodologie de formation des candidats à l’adoption et placer l’accent sur le côté pratique, estime Rossitsa Ivanova.

« Les parents ne sont pas toujours prêts à faire face aux problèmes que pose l’adoption d’un enfant plus grand. Cet enfant qui a sa propre mentalité se retrouve soudain dans un environnement tout à fait nouveau. Cela pourrait par conséquent donner lieu à des réactions d’incontinence et d’agression de la part de l’enfant ».

Tous ces problèmes démontrent l’importance que revêt la préparation des candidats à l’adoption. Voilà pourquoi cette année, l’Association bulgare des adoptés et des adoptants et le Réseau national des enfants ont organisé pour la première fois une Journée nationale de sensibilisation à l’adoption, l’objectif étant de faire de l’adoption un incroyable voyage aux multiples challenges.

Version française : Krassimir Koprivenski