Les forces navales de la Bulgarie, la Roumanie et les États-Unis ont tenu en mars cette année un exercice militaire conjoint dans les eaux internationales au Sud-Est de la ville roumaine de Constanta. Du 10 août au 12 septembre soit pendant plus d’un mois, la marine bulgare et américaine mène un exercice sous le nom de code « Thracian Eagle 2014 » qui va s’enchaîner pendant la deuxième moitié du septembre avec l’exercice multinational « Rapid Trident 2014 » en Ukraine de l’Ouest. La Russie devrait y prendre part mais sur fond de crise ukrainienne, l’exercice est qualifié de provocation. Le fait que toutes ces manœuvres militaires suivent un agenda établi avant la crise, n’empêche pas de constater que leur déploiement dans une situation particulièrement tendue dans la région de la Mer Noire est toujours interprété dans le contexte de la présence renforcée de l’OTAN.

La participation bulgare à ces opérations a plus d’un argument. Il y a quelque temps, le président Rossen Plévnéliev qui est également le chef des forces armées bulgares a tiré la sonnette d’alarme que les avions de chasse qui assurent le contrôle de l’espace aérien national effectuent de plus en plus de vols à cause d’avions cargo et de renseignement russes. Le chef de l’État a avancé la thèse qu’il s’agissait d’un acte délibéré de la part de la Russie dans le but d’épuiser les capacités de vol des MiG-29 qui dépendent directement de la Russie. Une raison de plus pour le président de demander une plus forte présence de l’OTAN en Bulgarie et dans la région. Le gouvernement socialiste de l’époque de Plamen Orecharski a rejeté cette proposition mais aujourd’hui avec l’arrivée du gouvernement intérimaire elle est de nouveau à l’ordre du jour. Preuve à l’appui, l’exercice militaire bulgaro-américain « Thracian Eagle 2014 »qui simule l’interception de cibles ennemies, ou des actions de défense ou d’attaque. 

L’escalade de la crise ukrainienne va de concert avec une escalade des craintes qui en découlent. Le ministre de la Défense, Vélizar Chalamanov, a déclaré dans un entretien accordé à la Radio nationale bulgare que l’intégrité territoriale des pays européens dont la Bulgarie était en danger. Cette menace pesait sur la Géorgie, maintenant c’est l’Ukraine, nous avons un « conflit qui couve » en Moldavie, dans le Haut-Karabakh et des risques potentiels pour la Bulgarie ne peuvent donc pas être exclus, a précisé Vélizar Chalamanov. Voilà pourquoi, lors du Sommet de l’OTAN au Pays de Galles qui s’est tenu la semaine passée, la Bulgarie a approuvé à bras ouverts le Plan de réactivité de l’OTAN.

Bien plus, on est allé jusqu’à demander à l’OTAN la mise en place d’un Plan de défense de la Bulgarie et de la Roumanie qui doit fixer les engagements de l’Alliance en cas d’attaque contre ses deux pays. En conséquence, la Bulgarie prévoit une série de mesures : élargir la base militaire de Novo sélo où se tiennent des exercices militaires de l’OTAN, approfondir la coopération dans la région de la Mer Noire et mener des opérations conjointes pour garantir la souveraineté aérienne de la Bulgarie. Lors du Sommet, la Bulgarie a proposé de placer son centre de surveillance de ses eaux territoriales situé à Varna sous le commandement de l’OTAN. Parmi les autres idées avancées par la Bulgarie : interconnexion de la base de Novo sélo avec des infrastructures militaires en Roumanie, en Pologne et en Allemagne et le développement d’un programme national qui doit assurer les fonds nécessaires. Des idées qui vont bien au-delà du mandat du gouvernement intérimaire et qui devront être reprises par le prochain gouvernement dont la Bulgarie se dotera après les législatives anticipées du 5 octobre.

Version française : Krassimir Koprivenski