La coalition d’ONG écologistes et civiles nommée « Pour qu’il reste la nature en Bulgarie » et une dizaine d’associations du secteur du tourisme ont signé récemment un mémorandum pour des activités communes concernant le développement du tourisme en Bulgarie. En réaction contre les appétits insatiables de ceux qui veulent continuer à bétonner notre littoral et nos montagnes, le mémorandum met l’accent sur la protection de la nature et du patrimoine culturel en tant que priorité principale pour le développement du tourisme bulgare.
L’initiative de ce document est venue non pas des organisations écologistes, mais des milieux du secteur touristique. Car “sans nature il n’y a pas de tourisme et sans patrimoine culturel il n’y a pas d’attractions touristiques”.
“Le Mémorandum est un pas courageux pour faire face aux structures politico-oligarchiques dans le tourisme - dit Stoyan Lazarov, président de la Chambre bulgare du Tourisme. - Nous tous, nous ressentons un engagement envers la protection de la nature et du patrimoine culturel pour la prospérité du secteur.”
Dimitar Popov, membre du Conseil administratif de l’Association des voyagistes bulgares, considère que le mémorandum est venu avec au moins 15 ans de retard. Selon lui un des problèmes principaux est la “surcapacité d’accueil en nombre de lits”.
“Et le résultat c’est que la Bulgarie a le taux d’occupation moyen annuel le plus bas peut-être en Europe et les recettes les plus faibles provenant des nuitées - affirme-t-il. - Ainsi nous avons détruit un segment important du marché, celui du tourisme familial, qui, à l’époque, était bien meilleur que ce qu’on proposait dans le Nord de la Grèce, en Chalcidique. A sa place on a préféré le tourisme des jeunes qui est d’une catégorie bien inférieure et qui apporte aussi de nombreux problèmes. Pourquoi on en est arrivé là? Parce que, par exemple, le nombre de lits touristiques, qui autrefois étaient 36 mille dans le complexe Slantchev Briag-Nessébar, a été multiplié plusieurs fois et a atteint soudainement un demi-million de lits. Nous avons aussi détruit entre-temps le tourisme camping qui dans les conditions d’aujourd’hui pourrait être de luxe et rapporter des recettes importantes.”
Parmi les problèmes du modèle extensif de développement du tourisme bulgare, les professionnels indiquent le déliement entre la construction de nouveaux hôtels et les possibilités d’attirer vers eux un flux suffisant de touristes. Voici comment M. Popov commente le projet de construction d’un complexe de 20 mille lits dans la région de Karadéré, sur le littoral de la mer Noire, qui a suscité un énorme débat:
“Du point de vue de voyagiste, je peux vous dire que pour qu’un tel complexe rapporte des recettes, l’investisseur doit amener de quelque part un nombre suffisant de touristes. Si un touriste passe en moyenne cinq nuits, pour atteindre un taux d’occupation moyen annuel de 30%, qui est le minimum pour que l’investissement soit rentable, il faut trouver 300 mille nouveaux touristes qui iraient justement à Karadéré. D’où et comment vont-ils venir? Je vais vous dire qu’une agence de voyages charters par exemple amène durant tout l’été 1200-1500 touristes. Des projets d’investissement pareils sont une aberration.”
La Bulgarie n’est pas un grand pays d’où les possibilités de développement intensif sont limitées, ajoute le tour-opérateur.
“A Bansko et Pamporovo nous avions des touristes qui venaient pour des tours de randonnée pour une semaine. Après la surconstruction, ils ne restent que deux ou trois nuits, pas plus - dit Dimitar Popov. - On ne peut pas étirer ni les montagnes, ni les plages.”
Les signataires du mémorandum voient un énorme potentiel dans le développement des formes alternatives de tourisme - le tourisme culturel et historique, rural, écologiste, spa, œnologique, extrême, etc. C’est là justement l’avantage de la Bulgarie face à la concurrence. Pour ces formes de tourisme il y a des conditions favorables sur l’ensemble du territoire de notre pays et pendant toutes les saisons, et en plus elles rapportent des recettes beaucoup plus importantes, disent les professionnels. Il y a aussi un autre aspect qu’il ne faut pas négliger - ces recettes sont distribuées régulièrement par régions et restent chez la population locale.
“Dans ces types de tourisme le touriste ne laisse pas son argent dans l’hôtel de l’investisseur étranger, il voyage à travers la Bulgarie. Donc, d’un côté, il dépense plus d’argent, et, d’un autre côté, ce sont le business et les communautés locales qui en bénéficient”, explique Kiril Kaloyanov de l’Association bulgare pour le tourisme alternatif".
Toma Bélev de l’association “Balkans Verts” fait une distinction importante:
“Le commerce immobilier dans nos stations n’est pas du tourisme et il ne faut pas les confondre. Chaque plage a sa capacité. Si près d’une plage on construit 2000 appartements avec en moyenne quatre visiteurs par an, en réalité il n’y aura pas de tourisme là-bas. Les bénéfices sont considérables, mais ils sont empochés uniquement par le constructeur.”
Version française : Sia Karaguiozova
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