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Le jeudi politique dont la Bulgarie se souviendra longtemps...

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Photo: BTA

Il s’en est passé des choses le 24 juillet 2014 en Bulgarie…14 mois après sa venue au pouvoir et 400 jours après le début des manifestations dont il était la cible, le gouvernement de Plamen Orécharski s’est enfin décidé à quitter la scène politique, mettant ainsi fin à plus d’un an de tensions, confrontations, coups bas et manœuvres dilatoires… Trois sont les événements qui se sont produits en l’espace de 24 heures et qui vont sans aucun doute marquer l’évolution des futurs processus sur l’échiquier politique bulgare.

Pour commencer, les députés ont été suffisamment nombreux pour valider la démission du gouvernement de Plamen Orécharski qui avait quand même résisté, depuis sa venue au pouvoir il y a 14 mois, à 5 motions de censure. Tout a changé après les élections européennes le 25 mai dernier, qui ont enclenché le compte à rebours et ouvert la boîte de Pandore qui a provoqué des tensions entre les partenaires d’hier et des secousses faisant trembler tout le système bancaire du pays. La démission étant « consommée », le chef de l’Etat Rossen Plévnéliev a mis en marche la procédure constitutionnelle, remettant sans tarder le mandat au parti GERB qui l’a immédiatement rendu, n’ayant aucune intention de former un nouveau gouvernement sous l’actuelle législature…D’autant que les prochaines législatives anticipées sont prévues pour le 5 octobre et que le 6 août, le président devra nommer un gouvernement intérimaire pour éviter la vacance du pouvoir.

Dans son allocution devant les députés, le premier ministre sortant Plamen Orécharski a souligné que son gouvernement avait souffert d’avoir été mal aimé, mais qu’il avait quand même essayé de travailler dans l’intérêt du peuple. Il n’a pas manqué de souligner ses actions sociales, notamment la petite revalorisation des pensions et autres prestations sociales, sans oublier la création de 40 000 emplois. Face à RBI, il n’a pas caché ses regrets de ne pas avoir fait tout ce qui était prévu dans son plan d’action : 

"Je regrette de ne pas avoir bénéficié d’un soutien politique suffisant  et de ne pas avoir eu le temps d’engager des réformes structurelles dans certains secteurs publics, notamment la santé, l’éducation, l’administration. Mais sachez que pendant que nous étions au pouvoir aucun indicateur financier majeur n’a connu une dégradation. Je ne me suis jamais attardé sur ma carrière professionnelle et je ne regrette rien. La fonction de premier ministre m’a fait endosser une immense responsabilité, mais ce fut aussi pour moi un honneur d’occuper ce poste. »

Les partis politiques n’ont pas tardé à s’exprimer sur le gouvernement Orécharski et sur ce qui a précipité sa démission. Le chef du groupe parlementaire de la gauche, Athanas Merdjanov a accusé le parti GERB, mais aussi son partenaire coalisé en la personne du MDL pour l’échec du gouvernement :

„L’Assemblée nationale vit ses derniers jours pas parce qu’elle ne peut plus fonctionner normalement, mais parce que la plus grande force parlementaire, le parti GERB, a signé son arrêt de mort en refusant de se comporter en force d’opposition. Très souvent les séances plénières étaient boycottées, et les échanges étaient difficiles, souvent vexants. Je rappellerai simplement que Boyko Borissov qualifiait le premier ministre de «pseudo expert », et ses ministres de « postiers », qui ne faisaient que transmettre les consignes… » 

La réponse du leader du MDL Lutfi Mestan ne s’est pas fait attendre :

„Je n’accepte pas les qualificatifs de “catastrophe” ou de “débâcle”, car ils pourraient s’inscrire dans une démarche de récupération politique, surtout à la veille de la nouvelle campagne électorale. Ce qui compte, c’est de regarder de l’avant et de tirer les enseignements du passé, être à l’écoute du peuple bulgare et trouver la formule de gouvernance la plus appropriée. Le changement est nécessaire à la Bulgarie. Quant au gouvernement sortant, ce n’est pas une conférence de presse du MDL qui a annoncé sa fin. Nous avons toujours dit que le pouvoir n’est pas une fin en soi, pas plus qu’un cliché, et nous pouvons toujours quitter le pouvoir quitte à préserver nos valeurs que nous n’avons aucune intention de sacrifier. »

Le leader de l’opposition et du parti GERB, Boyko Borissov est d’avis que la démission du gouvernement arrive trop tard, tout en confirmant que si son parti l’emportait à l’issue des législatives anticipées du 5 octobre, c’est lui qui prendra les fonctions et par conséquent les responsabilités de premier ministre, à la différence de son éternel rival, Serguey Stanichev, leader sur le départ du PS et du Parti des socialistes européens : 

„Vous avez pu assister à leur agonie, même s’ils ont tenté de prolonger leur derniers instants de vie. A les entendre, d’aucuns pourront croire que tout va bien. Moi personnellement j’ai eu du mal à comprendre pourquoi ils perdent les élections, pourquoi ils démissionnent…Les pertes pour l’Etat sont immenses, toutes sphères confondues, des milliards qu’il faudra trouver dans les mois à venir pour boucher les trous, que ce soit les caisses de retraite ou les secteurs qui attendent leurs subventions. La crise est monstrueuse. Mais nous autres hommes politiques, nous devons toujours été à l’écoute du peuple. Il y a un an, les élections ont hissé le parti GERB au rang de première force politique. Mais les autres partis représentés à l’Assemblée nationale n’ont pas tenu compte de cette évidence, et ils ont tenté de mettre en place une coalition impossible,  contraire à toute logique. Moi personnellement, je suis un homme qui prône le consensus et la tolérance. Pensez à tout ce qu’ils ont fait pendant un an, mais le peuple les a sévèrement sanctionnés aux élections européennes. »

La démission à peine votée, le chef de l’Etat Rossen Plévnéliev a mis en marche la procédure qui consiste à proposer à tour de rôle aux partis représentés au Parlement d’essayer de former un nouveau gouvernement sous la même législature. Le parti GERB a immédiatement restitué le mandat et son exemple devrait être suivi et par le PS, et par le MDL.

“Les forces politiques ayant participé aux consultations antérieures se sont accordés sur l’impossibilité de former un gouvernement dans le cadre de la 42e Assemblée nationale, a rappelé Rossen Plévnéliev. - Reste donc la seule solution démocratique, à savoir des législatives anticipées, qui se dérouleront, d’un commun accord, le 5 octobre prochain. »

Toujours est-il que les processus engagés le 24 juillet auront leur résonance, mais aussi leurs développements dans les jours qui viennent. Car si, comme prévu, le PS et le MDL, refusent de former un gouvernement, mardi prochain, le chef de l’Etat pourrait communiquer la composition du prochain gouvernement intérimaire de la Bulgarie /le deuxième depuis le début de son mandat/. Toujours hier, nous avons appris que le MDL avait apporté son soutien à la candidature de Kristalina Guéorguiéva comme commissaire européen, issu de la Bulgarie, ce qui est tout à fait normal quand on sait qu’elle a déjà des chances de succéder à Catherine Ashton, haut représentant de la CE aux Affaires étrangères et à la politique de sécurité. 

Version française: Sonia Vasséva



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