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Européennes 2014: nouvelle donne politique

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Photo: БГНЕС

Les résultats des élections européennes en Bulgarie mettent en lumière  la modification du paysage politique du pays. En fait, ce vote a constitué un test pour la stabilité politique nationale : en effet, le gouvernement dispose de peu de soutien parlementaire et le pays souffre de l’absence de représentation au Parlement national de pans importants de la société bulgare.

Comment se présentent les choses aujourd’hui ? Des élections anticipées pointent à l’horizon.  La classe dirigeante devrait commencer à songer à démissionner, explique le professeur Guéorgui Bliznachki au micro de Radio Bulgarie:

« Les élections européennes ont justement changé la donne politique. Même si elles ont des spécificités, elles ne manqueront pas de se refléter sur le cours des événements chez nous. Visiblement, nous avons un parti, le principal parti d’opposition GERB, qui a remporté un succès convaincant et se détache nettement des autres, et ceci malgré les pressions fortes subies au cours de l’année écoulée. Il n’a pas seulement tiré son épingle du jeu mais a réussi à s’assurer un large soutien populaire. Il est soutenu par une frange active de la société et les milieux d’affaires. Malheureusement, le parti au pouvoir, le PSB, s’est fixé des objectifs inatteignables en mettant sa politique au service du revanchisme de son leader, Sergueï Stanichev. Et en fin de compte il a été sanctionné par les électeurs. Ce n’est pas bon pour l’idée socialiste mais cette crise peut mener à un nouveau départ. Si l’on regarde la situation chez nous, le gouvernement parvenu au pouvoir de façon un peu particulière il y a un an, n’est pas pu s’allier le soutien de la société civile. Les choses étaient donc écrites, dans une large mesure. Et plus on décidera rapidement d’organiser des élections anticipées, mieux cela vaudra. Il est très probable également que l’issue du scrutin suscite une nouvelle vague de mécontentement populaire vis-à-vis du gouvernement en place, d’abord à cause des perturbations dans le secteur de l’énergie. Les principales entreprises sont au bord de la faillite, ce qui est une catastrophe. Les soins de santé ne sont pas épargnés non plus par les problèmes. Tout ceci était resté caché jusqu’aux élections. Mais d’ici l’automne, les gens vont ouvrir les yeux face à ces réalités. Si on s’obstine, les résultats seront catastrophiques et pas seulement pour la coalition PSB-MDL au pouvoir, mais aussi pour l’ensemble du pays. Et nous ne pouvons accepter que la Bulgarie soit reléguée au rang des mauvais élèves, uniquement du fait de l’entêtement d’un clan au service des intérêts de l’oligarchie. »

Que pensez-vous du nouveau projet de Bulgarie sans censure et du résultat important du MDL ?

« Pour le MDL les choses sont claires puisqu’il a réussi à mobiliser ses soutiens traditionnels. Le MDL a tiré son épingle du jeu contrairement au PSB qui assiste à une érosion des milieux qui pendant près d’un quart de siècle ont infailliblement soutenu le parti socialiste, malgré les vicissitudes. Et le MDL n’a créé aucune surprise. Ce n’est pas par hasard que j’ai proposé un référendum pour modifier les règles électorales et introduire le vote obligatoire. Cela réduira l’influence de ce parti. Mais comme on peut le voir, cette idée se heurte à un refus obstiné. Quant au parti Bulgarie sans censure, il a consacré des moyens énormes à sa campagne. Maintenant, reste à voir si sa base électorale se maintiendra dans la durée. Il reste du temps avant l’automne. Ce parti s’est présenté avec des promesses tous azimuts et des solutions toutes faites pour tous les problèmes. Mais quand on connaît un peu la politique, on sait que c’est impossible. Donc, le parti va se heurter aux dures réalités de notre vie politique et sociale. Mais pour l’instant, il surfe sur la vague comme on dit, alors souhaitons-lui bonne chance, qu’il donne le meilleur de lui-même. Quoi qu’il en soit, le rapport de forces a changé. Il faudra que chacun en tienne compte. »

La vague eurosceptique observée en Europe aura-t-elle un impact sur la Bulgarie ?

« C’est déjà le cas. J’ai été désagréablement surpris par ces manifestations d’euroscepticisme, par les attaques perpétuelles contre les institutions de l’UE. Quant à nos propres eurosceptiques, ils ont du mal à parvenir à leurs fins. La Bulgarie est un pays de la périphérie de l’Union, on nous regarde toujours avec suspicion  y compris du fait de notre comportement vis-à-vis de l’Ukraine. Pour beaucoup, la Bulgarie reste le cheval de Troie de la Russie dans l’Union. Dorénavant, on comprendra à quel point il est difficile de faire de la politique de niveau européen. Seuls les arguments, les bons contacts et le pouvoir de persuasion comptent. Le comportement de nombre de nos politiques ne sera pas pris en compte, ils seront mis en quarantaine, négligés par tous. Dans la pratique, la politique européenne présuppose une conduite radicalement différente. »

Version française : Rita Morvan



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