Il est un nom qui hante tous les esprits dans les milieux économiques en Bulgarie ces derniers jours. C’est celui de Chimco – une entreprise publique, créée à l’époque communiste dans la ville de Vratsa (Nord-Ouest de la Bulgarie) et spécialisée dans la production à grande échelle d’engrais chimiques. L’éventuelle reprise des activités de ce mastodonte industriel, perclus de dettes et englué dans une interminable procédure de liquidation judiciaire, est devenue récemment l’étendard de la politique gouvernementale de réindustrialisation. Cette approche, dont on voit les prémices aussi dans d’autres pays européens, qui ont pris fait et cause pour un renouveau de l’industrie, suscite de nombreuses interrogations au sein de la société bulgare, aussi bien au niveau de l’étendue de l’intervention publique qu’en ce qui concerne les sociétés qui pourraient bénéficier de cette manne financière pour se remettre sur les rails.
Pour éclaircir toutes ces zones d’ombre, il faudra attendre la seconde moitié d’avril, quand les responsables politiques bulgares devront enfin présenter leur plan d’action, rodé auparavant dans une série de discussions avec le patronat, les syndicats et les ONG. Même si les grandes lignes de cette politique industrielle restent encore floues, nous pouvons anticiper d’ores et déjà l’application d’un certain arsenal législatif, auquel l’Etat a volontiers recours pour booster les performances économiques du pays. En ce sens, il y a fort à parier que les capitaux étrangers seraient au cœur des projets de construction d’usines aux quatre coins du pays, avec l’Agence publique aux investissements (chargée d’accompagner les investisseurs étrangers) qui sera probablement le fer de lance de cette initiative. Une approche privilégiant la participation de sociétés privées a surtout le mérite de rallier la plupart des experts en Bulgarie, avec la possibilité d’attirer des entreprises étrangères, qui pourront apporter leur expertise et leur savoir-faire dans une économie en développement.
A l’opposé des projets portés par le secteur privé, les velléités des pouvoirs publics de jouer les chefs d’entreprise en se substituant aux décideurs expérimentés des sociétés privées, donnent souvent des sueurs froides aux analystes économiques. Certes, l’Etat est appelé à assumer le rôle d’actionnaire de référence dans plusieurs entreprises du secteur de l’énergie, dont les résultats satisfaisants ne peuvent pas occulter l’échec patent de tout un tas de sociétés, renflouées à volonté avec des deniers publics au détriment des intérêts du contribuable et contre toute logique de viabilité économique.
Il faut donc espérer que les efforts louables du gouvernement, désireux de faire renaître de ses cendres un secteur industriel susceptible de créer des emplois et de générer une croissance durable, ne seront pas remis en cause par les mêmes choix politiques, qui ont déjà mené tant d’entreprises publiques dans l’impasse.
Version française : Tsvetan Nikolov
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