Depuis la nuit des temps, les Bulgares ont attaché une importance particulière aux fêtes de fin d’année, surtout celle de la Nativité de Jésus-Christ, qui sublime leur appartenance chrétienne et qu’ils savent lire dans le ciel, à l’approche du solstice d’hiver. Nos anciens disaient à ce propos que dans la nuit du Réveillon de Noël, le ciel s’ouvrait, les frontières s’estompaient progressivement pour laisser s’installer une période de transition, un véritable entre-deux animé par la foi en les forces du bien et le respect des règles de bienséances qui étaient censées rétablir l’harmonie sur Terre…
Le calendrier populaire des Bulgares abonde en dates, journées et fêtes remarquables qui donnent lieu à de grandes réunions familiales, débordantes d’émotions et de chaleur humaine. C’est le moment où l’on met en veilleuse ses ambitions et occupations professionnelles pour retrouver l’atmosphère douillette de la maison et le sourire de ses proches à qui on a tant de choses à raconter, tant d’histoires à partager… Et si l’on fait un effort de se retrouver en famille à l’occasion des anniversaires ou autres événements marquants dans la vie d’une famille, le Réveillon de Noël ne tolère aucune absence, aucune excuse, fût-elle la plus valable…Et petits et grands se joignent aux joyeux préparatifs du dîner du Réveillon de Noël, chargé de symboles et de rituels.
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L’ensemble du monde chrétien célèbre la nativité du Christ, et qu’ils soient orthodoxes, catholiques ou protestants, tous les chrétiens se préparent à fêter Noël. Tout comme le jour de la Résurrection de Jésus à Pâques, Noël est l’aboutissement d’une longue période de carême et d’abstinence. Bien avant l'apparition du christianisme, l'époque du solstice d'hiver était déjà une période charnière de l'année, qui regroupait de nombreuses croyances païennes relatives à la fertilité, la maternité, la procréation et l'astronomie. Elle donnait donc lieu à de nombreuses manifestations. Ces traditions antiques ont de nombreux points de similitude avec la fête chrétienne de la Nativité qui a été adoptée au IIIe siècle, dans un désir des communautés chrétiennes à situer dans les dates de l’année celle de la naissance de Jésus Christ. Sinon, avant d’adopter le christianisme, au 7e siècle, les Bulgares étaient attachés au culte du Dieu Soleil qui était celui du paganisme et dont on retrouve encore des traces, surtout quand il s’agit de la composition du repas du Réveillon. Une chose est sûre – la famille est mise à l’honneur en ces derniers jours de l’année et tous les griefs commis sont pardonnés…
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Il est quand même surprenant qu’au XXIe siècle, qui est celui des hautes technologies, de la robotique et de la communication aussi instantanée que virtuelle, on revienne au fondamentaux et à nos traditions ancestrales le soir du Réveillon de Noël. Surtout à l’heure du dîner, composé essentiellement de plats maigres et de tous les fruits de la terre – le blé cuit, les haricots blancs en potage, les roulades de choux farcies au riz et aux fruits secs, les feuilles de vigne et les poivrons farcis, les gâteaux au potiron, l’ail, le miel, les noix. Et côté boissons, le bon vin rouge et le marc de raisin maison, cela va de soi !
Il fut un temps, où les préparatifs commençaient tôt le matin du 24 lorsque les femmes commençaient par confectionner les pains et les galettes au levain.
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Avant d’enfourner les grosses miches, on ne manquait pas de les décorer de chutes de pâte en forme de soleil, d’oiseaux et d’animaux stylisés. Une réminiscence du passé païen des Bulgares… Et pendant que les femmes s’affairaient aux fourneaux, les hommes devenus chanteurs de Noël pour la circonstance faisaient le tour des maisons pour bénir leurs propriétaires et leur familles. Et ils recevaient en échange de menus cadeaux.
Puis la tournée terminée, ils se chargeaient de couper du bois pour qu’il en ait assez pour maintenir le feu allumé toute la nuit, jusqu’à la naissance de l’enfant Jésus.
Ils sont nombreux les Bulgares qui vivent à travers le monde et qui malgré la distance, ne renonceront pour rien au monde aux bonnes vieilles traditions orthodoxes qui réchauffent le cœur et font briller des étoiles dans les yeux… Mais il existe aussi pas mal de Français, qui ayant vécu quelque temps en Bulgarie, s’en souviennent jusqu’à leur dernier jour et font tout pour ne pas oublier les us et coutumes bulgares. Telle la Française Micheline Stanchev, née Rouhaud, mère de l’illustre pianiste de jazz Mario Stanchev. Aujourd’hui, elle vit à Paris, mais elle continue à célébrer les fêtes à la bulgare, très attachée aux traditions, à la langue, aux coutumes et à la cuisine bulgares. Mme Rouhaud a bien voulu évoquer pour nous ses souvenirs de la Bulgarie, qu’elle considère toujours comme son pays d’adoption :
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Les fruits séchés sont aussi de rigueur sur la table du Réveillon de Noël...
Une fois le sapin illuminé et la maison décorée, il est temps de se plonger dans l'ambiance de Noël. Alors que l'hiver pointe le bout de son nez, la musique de Noël résonne et le bon feu dans la cheminée réchauffe l'atmosphère. Prenons le temps de nous retrouver en famille autour d'une belle flambée pour se raconter des histoires, découvrir les rituels de fêtes au bout du monde ou les spécialités culinaires dans la région d'à côté, et pourquoi pas se lancer le défi d’être heureux, ne serait-ce qu’un instant…
La force purificatrice du feu, l’énergie saine du pain, la présence emblématique de tout ce que la terre a généreusement produit et qui se retrouve sur la table du Réveillon, autant de symboles de notre passé qui ont traversé intacts les époques sans prendre une ride et que nous nous réjouissons de ressusciter chaque 24 décembre, car ils font partie de notre histoire, de notre identité…
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