Elle est bien connue dans le milieu des journalistes, interprètes et mélomanes. Depuis des années, elle immortalise grâce à son appareil photo les concerts des vedettes nationales et internationales. Son nom est Vassilka Balevska et elle est souvent tapie dans l’ombre, dans les coulisses, refusant de faire partie de ces photographes qui gâchent le plaisir du public ne pensant qu’à leur travail. Justement ce sont ses jolies photos que nous pouvons voir dans l’exposition inaugurée ce 8 avril dans le hall de la "Salle Bulgaria" à Sofia. Une façon originale et un condensé d’émotions pour célébrer ses 50 ans de carrière, mais aussi les 100 ans de la naissance de son père à qui elle dédie cette exposition :
„Mon père a terminé l’Académie des Beaux-Arts et c’était un grand photographe amateur. Et même s’il enseignait l’art de la peinture et l’histoire, c’était un passionné de la photo ! J’avais 9 ans lorsqu’il m’a offert un appareil photo que je prenais avec moi lorsque nous allions à des balades organisées par mon école dans la nature. Au début, je pensais faire des études d’histoire et de littérature russe, mais mon père m’en a dissuadée et m’a conseillée de miser sur la photographie. Je lui ai obéi et une fois mon diplôme en poche, j’ai été embauchée aux Archives photo de l’Etat, le nom de l’administration « Photographie bulgare » et depuis 1933, je travaille en free-lance. Je me souviens, aux Archives photos, nous rédigions l’histoire de la Bulgarie en photos, que nous envoyions à tous les centres culturels à l’occasion de différents évènements – congrès, expositions, foires, salons, quel que soit le thème. J’ai pris des milliers de clichés. Chaque année, je participais aux « Journées de mars de la photographie » à Roussé. C’est aussi dans mon enfance qu’est né mon amour de la musique dans ma ville natale de Troyan où nous avions un opéra-comique amateur et un théâtre municipal. Je me souviens, alors que nous étions en colonie de vacances à Varna, un soir on nous a emmenés au théâtre d’été pour le spectacle de « Carmen ». C’est depuis cette époque que je suis tombée amoureuse de l’art lyrique…"
De nos jours, Vassilka Balevska travaille sur la numérisation de ses archives photo, pour éviter que les pellicules vieillissent et altèrent les vues.
„Au bureau, on nous remettait chaque jour des listes avec les évènements à couvrir et moi, je choisissais tout naturellement ceux qui étaient consacrés à la musique. A la fin des années 60, j’ai été contactée par la revue « Musique bulgare » qui m’a chargée de l’illustration photographique de ses articles. Le rédacteur en chef avait ses exigences, il voulait que je rencontre les interprètes pendant les répétitions, que je me rende chez eux avant le concert, avant de prendre les photos sur scène. Et même si je travaille en free-lance, je garde toujours une préférence pour le monde de la musique. Jusqu'en 1989, année des changements démocratiques en Bulgarie, j’ai vu défiler tous les groupes et interprètes de ce qu’on appelait le « camp socialiste ». Il y avait bien entendu des sommités de l’Occident, Ruggiero Ricci, l’Opéra de Gênes, Jean-Bernard Pommier. La musique est moi, nous sommes inséparables. Comme la photographie. Je développe mes photos en écoutant la musique…"
La rétrospective de Vassilka Balevska nous fait remonter au tout début de la carrière de la photographe…
„La plus ancienne de mes photos est celle de Pancho Vladiguérov et Ivan Drenikov avec Alexis Weissenberg. J’en ai aussi une qui est exceptionnelle, sur laquelle on voit sur scène les violonistes Vasko Vassilev, Thérésa Nikolova, Svetlin Roussev, Biliana Vouchkova et Vesko Pantéléev. J’essaye toujours de photographier l’interprète dans une pose qui lui est familière. Il m’est souvent arrivé de prendre un tas de photos d’un concert et de n’en retenir aucune. Je fais très attention, car souvent le bruit de l’appareil photo perturbe le public dans les salles silencieuses. Je comprends la jeune génération de photographes qui, pour des raisons financières, préfère couvrir d’autres événements. Moi, je reste fidèle à la musique…"
Récit: Sonia Vasséva
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