Hier, le 15 octobre, la gauche a déposé au parlement sa troisième motion de censure pour 2018 à l’encontre du gouvernement. La première avait été déposée au tout début de la Présidence bulgare du Conseil de l’UE en janvier en raison de problèmes de corruption mais elle n’a pas été soutenue par la majorité des députés. Une motion de censure a également marqué la fin de cette présidence en juin, les prétentions ayant été adressées au cabinet de Borissov se rapportant cette fois-ci au secteur « sécurité ». Celle-ci n’a pas non plus été soutenue par la majorité parlementaire requise. Des motions de censure liées à la politique de santé et à la sécurité ont déjà été adressées par la gauche également contre les premier et deuxième gouvernements de Borissov, respectivement en octobre 2010 et en juin 2011. Celle adressée au gouvernement « Borissov 1 » avait été rejetée malgré le soutien qui y avait été accordé par le MDL, mais quant au cabinet « Borissov 3 » le MDL refuse de se joindre à la demande de méfiance des socialistes en raison de ses propres analyses selon lesquelles il n’existerait pas actuellement de force politique qui puisse constituer une alternative à l’actuelle gouvernance de GERB.
Les socialistes ne pensent toutefois pas de la sorte et selon les propos de leur leader Kornélia Nonova, l’actuelle motion de censure a surtout trois objectifs – « montrer l’état catastrophique de la santé, souligner l’impossibilité du gouvernement d’y remédier, et convaincre les députés que l’actuelle gouvernance a une alternative en la personne du PS ». Compte tenu du fait que les socialistes ne bénéficient pas d’un soutien au parlement, ces derniers l’ont cette fois-ci cherché en dehors du parlement, dans le cadre de rencontres avec des médecins et des organisations de patients, avec l’Association nationale des hôpitaux municipaux, entre autres. La direction de l’Union bulgare des médecins s’est dit satisfaite des entretiens menés avec le PS en les qualifiant de constructifs et utiles mais a refusé de commenter leur demande de motion de censure en se justifiant par le fait qu’elle ne veuille pas s’ingérer dans des problèmes d’ordre politique.
Kornélia Ninova a elle-même reconnu que le cabinet de Borissov ne pouvait être renversé par les 79 voix des socialistes. Bien que les membres du groupe parlementaire des socialistes aient quelques espoirs concernant un éventuel soutien de la part du MDL, pour que la motion de censure réussisse il leur faut 121 voix de toutes les 240 voix de députés, ce qui ne serait pas atteint même si aux voix des socialistes s’ajoutaient celles du MDL.
Malgré les prévisions d’un nouvel échec de la motion de censures des socialistes, cette dernière pourrait au moins avoir des impacts positifs sur l’opinion publique, pense le PS. Les débats parlementaires que suppose la requête des socialistes coïncident avec le moment lors duquel les autorités au pouvoir espèrent pouvoir amender la Loi sur la santé et l’assurance santé, et ceci, par le biais d’amendements qui devraient être apportés à la Loi sur le budget et la Caisse nationale d’assurance santé (CNAS). Les amendements en question visent à ce que plus de pouvoir et de contrôle soit concentrés entre les mains de l’Etat et des établissements médicaux afin que soit stoppée l’évasion de fonds, ainsi que soient suspendues les dépenses inefficaces effectuées dans le système de la santé. Ces défauts sont visibles pour toute la société depuis très longtemps mais selon l’opposition, les autorités au pouvoir essayent de les surmonter hâtivement sans que des débats publics soient organisés à cette fin.
Les débats au parlement sur la motion de censure du PS doivent avoir lieu non pas avant trois jours à compter de la déposition de cette dernière et non pas plus tard de sept jour. Des sources du parti au pouvoir GERB affirment que ces débats sont en effet très importants car la santé est un secteur prioritaire.
Version française : Nina Kounova
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