C’est dans l’Est du massif des Rhodopes, là où coule la rivière Arda, que Dame Nature a aménagé une série de grottes et crevasses à même les falaises, datant de la plus haute Antiquité, et qui attirent depuis des années l’attention des équipes d’archéologues et explorateurs des phénomènes naturels. On ne sait toujours pas si ces mystérieuses formations rupestres datent de l’époque des Thraces et si elles ont été des lieux de culte rituels…Nous avons rencontré Christo Todev, économiste de formation, mais alpiniste et explorateur de la nature à ses heures, qui depuis des années sillonne en long et en large les sites pittoresques des Rhodopes orientaux, prenant des photos et cartographiant ces grottes naturelles qui d’après lui dateraient de l’époque chalcolithique :
Force est de reconnaître que ces espèces de crevasses ou de niches se trouvent à des endroits inaccessibles, ce qui me fait penser que nos anciens y attachaient une importance particulière, voire sacrée. Des zones quasi-intouchables qui devaient être préservées à tout prix, car probablement liées à des croyances liées à la vie après la mort…J’ai recensé à ce jour quelque 3600 mini-grottes, mais je suis sûr qu’il en reste encore à découvrir…
Une partie de ce mystérieux patrimoine est concentré sur les rochers du village Dajdovnitsa, dans la région de Kardjali. Mais que représentent ou incarnent en fait ces cavités ?
Elles sont en forme de trapèze d’une hauteur de 70-80 cm, suffisamment profondes à l’intérieur et s’élargissant comme lacoquille d’une huitre. Beaucoup de chercheurs se demandent s’il ne s’agit pas d’une forme symbolique ou si le creux n’est pas destiné à garantir une acoustique maximale…D’aucuns parlent même d’une réserve d’énergie…
En explorant ces grottes, Christo Todev découvre le visage d’une jeune fille, qu’une main humaine a sculpté sur le rocher. Mais les mystères ne s’arrêtent pas là !
J’ai remarqué que sous le visage sculpté de la jeune fille, à une hauteur de 20m, est aménagée une espèce de chambre, façonnée par la main de l’homme. Elle n’est accessible que par derrière, grâce à une ouverture creusée dans le rocher. Le complexe rupestre est impressionnant, il s’étend sur un kilomètre et demi, et à chaque fois les grottes ont la forme d’un trapèze… Je me suis demandé si cette chambre qu’on a découverte n’est pas en rapport avec un autre rocher de 40 m de haut, éloigné de 1 km et demi de la première…
En suivant une fissure naturelle d’une hauteur de 10 m sur 2 m de large, Christo Todev tombe de nouveau sur des vestiges d’intervention de l’homme. Il s’agit d’une fenêtre de pierre qui attire son attention par le fait qu’en fonction du mois de l’année, les rayons du soleil se rapprochent et illuminent ou s’éloignent du visage de la jeune fille.
Quand j’ai superposé les coordonnées sur des sites spécialisés en ligne, ainsi que grâce à des mesures et à des calculs supplémentaires, j’ai constaté qu’il est très probable que la journée la plus courte de l’année – le 21 décembre, le rayon du soleil, en traversant la fenêtre rocheuse, se projette ensuite précisément sur le complexe à proximité de Dajdovnitsa. Cela se produit à 16h27 ou bien environ 25 à 30 minutes avant le coucher du soleil.
La découverte permet à Christo Todev d’explorer cette zone non seulement en sa qualité de complexe de culte avec des niches en forme de trapèze mais également comme un objet qui nous fournit des informations précieuses relatives aux connaissances astronomiques de l’antiquité sur nos terres.
J’ai été fortement impressionné par la dimension de ce gigantesque calendrier rupestre. Si le 21 décembre cette année je constate à cet endroit qu’en effet le rayon se projette dans cette journée plus courte de l’année dans la chambre, au- dessous du visage de la jeune fille, je serais en mesure de prétendre que les gens de l’antiquité avaient réellement possédé des connaissances astronomiques super précises.A proximité du rocher au niveau de la fente se situe un autre ensemble avec des points de repère astronomiques clairs supposant l’approche de la journée la plus courte. Je ne doute plus que les vestiges laissés dans le complexe à côté de Dajdovnitsa sont liées à l’astronomie. Dans ce contexte, les complexes à niches peuvent être vus déjà sous une autre lumière
Un autre élément de liaison de ce complexe d’envergure probablement aussi important que les autres est notamment la croix creusée sur le terrain rocheux au-dessus des hautes niches et orientée, avec un décalage de 2-3 degrés, vers les quatre points cardinaux.
Comme vous le voyez bien, les rochers à proximité de Dajdovnitsa ressemblent à un livre ouvert sur l’histoire de la Bulgarie. Il y a pourtant devant nous de très nombreuses pages que nous n’avons pas encore lues et que nous feuilletterons avec une grande curiosité.
Version française : Nina Kounova
Photos: archives personnelles
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