Cette année, sans beaucoup de cérémonies et d’enthousiasme on célèbre le 10e anniversaire de l’entrée de la Bulgarie dans l’Union européenne. Il existe beaucoup de raisons pour cette absence de festivités, de conférences internationales et autres événements traditionnellement organisés quand on fête quelque chose d’aussi important que les dix années dans l’Union européenne. Mais la raison la plus importante sans l’ombre d’un doute est que pour une partie des Bulgares en dépit de toutes les prévisions et espoirs, Bruxelles n’a pas réussi à jouer le rôle de baguette magique susceptible de balayer en un tour de main les franches sottises et erreurs des autorités et de l’opposition, ni capable d’offrir de nouveaux horizons et marchés pour l’industrie et l’agriculture bulgares. Rien de ces rêves n’a été réalisé et grace uniquement à quelques petites exceptions qui ne font que confirmer la règle générale – les grands buildings modernes, les centres commerciaux gigantesques, quelques kilomètres d’autoroutes, etc., le pays a un air plus moderne et… toujours de plus en plus en retard dans les secteurs industriels les plus importants. Il n’y a pas de classement international dans lequel la Bulgarie ne figure dans la tète/la queue du peloton suivant le genre de classement du point de vue des index économiques et sociaux.
A l’exception de la voisine et très proche pour ses pratiques économiques et sociales, ainsi que par rapport au niveau de la qualité de vie en Roumanie, la Bulgarie est le seul pays des 28 qui 10 ans après son intégration reste sous la surveillance de Bruxelles qui ne cesse de lui faire des remarques et des recommandations au niveau des mesures nécessaires à prendre par Sofia, qui cependant continue toujours a faire la sourde oreille. Tout cela dans le contexte des enivrons 70 milliards d’euros déboursés en faveur de la Bulgarie par Bruxelles dans le cadre de différents programmes de cohésion et de rapprochement. Il ne faut surtout pas oublier dans ce cas de mentionner qu’une considérable partie de ces subventions est rentrée dans les poches de hauts fonctionnaires de l’Etat, de leurs amis et proches, dans les caisses des partis politiques. Ces 70 milliards semblent une somme très importante à première vue. Mais dans ce même temps la Bulgarie a contribué au budget de l’Union européenne à hauteur de 10 milliards d’euros et qu’elle a débloqué aussi des fonds propres substantiels pour le cofinancement des projets européens réalisés en Bulgarie.
L’économie bulgare est à la dernière place en Europe en termes de productivité et d’efficacité, pour les rémunérations du travail, pour l’innovation. Et tout cela non pas parce qu’elle ne le souhaite pas mais simplement par manque d’argent, de volonté et de capacités administratives pour faire mieux. Au cours des premières années du passage du totalitarisme à la démocratie et à l’économie de marché, tout ce qui avait une certaine valeur et des perspectives en matière d’industrie a été privatisé à des prix dérisoires par des propriétaires douteux. Plus tard, une grande partie de ces actifs est partie dans le néant ou bien ils ont été déclarés en faillite. Parlant faillite il mériterait de mentionner que suite à cette politique de vente à tout prix et à n’importe qui a amené la faillite du pays tout entier qui a cessé de rembourser ses dettes astronomiques étrangères datant de l’époque du communisme. Les actifs économiques qui ont perdu toute valeur en restant sans marchés pour leurs produits vétustes se sont éteints tous seuls progressivement laissant des milliers de chômeurs dans la rue. En pratique il ne reste qu’une économie mutilée, une dizaine de milliers de nouveaux riches et 7 millions de pauvres Bulgares qui allaient un peu plus tard apprendre de leur propre expérience que plus terrible que la pauvreté sont l’absence de formation et de qualification, une moderne santé publique qui cependant coûtent très cher aujourd’hui.
A la corruption de masse, à la qualification rudimentaire, à l’invincible criminalité s’est ajouté le fait que les Bulgares sont les européens les plus mal payés ne disposant pas de capitaux pour investir. Ici on fermera les yeux devant les cortèges à Sofia et dans plusieurs autres grandes villes de limousines blindées aux vitres tintées, aux avions privés, aux yachts somptueux, aux véritables châteaux qui étonnent même les européens aisés. Oui, il y a de l’argent, mais il n’y a pas d’hommes d’affaires compétents et souhaitant l’investir car il faudra sortir devant le public, voir d’où viennent ces capitaux, comment ils ont été accumulés. Mais tout cela semble presque impossible car en règle générale les nouveaux-riches sont en Bulgarie avant tout des gens au passé criminel, des gens qui ont fait des fortunes de trafic de drogues et d’êtres humains, des gens qui ont manipulé et abusé des centaines de commandes publiques pour s’approprier de l’argent bulgare et même européen. Quant à ces fameux 20 milliards d’euros d’économies dans les banques des Bulgares, ce n’est qu’une petite goutte qui ne suffira même pas à achever une seule autoroute.
Mais malgré tout l’économie bulgare avance et grandit. En 10 années d’intégration dans l’Union européenne, le PIB par habitant a augmenté de 800 euros. A rire ou à pleurer !? On pourrait aussi se demander comment évaluer et quelles conclusions faire quand on a un salaire moyen mensuel de 500 euros.
Les Bulgares sont de moins en moins nombreux. 2 millions ont déjà quitté le pays, la mortalité a dépassé la natalité. Mais vu des bureaux des gouvernants tout cela semble quelque peu différent – la croissance économique en 2016 a été une des plus grandes en Europe, le budget national a enregistré un excédent en gardant à 160 euros la retraite moyenne et des frais de chauffage de l’ordre de 100 euros par mois. Par-dessus le marché plus de 2 millions de Bulgares sur 6.5 millions vivent en dessous du seuil de pauvreté. Mais les institutions financières internationales se fient aux autorités en applaudissent leurs performances économiques.
Les experts et les observateurs estiment que 10 ans ne sont pas suffisants pour accumuler une masse critique de capital national qui étant investi pourrait conduire à une croissance plus grande du PIB et améliorer les conditions de vie. Il n’existe malheureusement pas de capitaux de ce genre. Quant aux capitaux étrangers, ils restent plutôt sceptiques et prudents en étant à chaque moment prêts à mettre la clé sous le paillasson. Cette mobilité la connaît et la subit chaque salarié qui travaille dans un des fameux et se multipliant sans cesse centres d’appel en Bulgarie. On débranche les ordinateurs en toute vitesse et on se retire. Mais cela ce n’est pas une économie durable et stable.
Si l’économie bulgare continue sur cette voie elle est condamnée à rester pour longtemps à la périphérie du grand business, peu importe si elle est membre de l’Union européenne ou non. Une périphérie où on stocke tout dont on n’a pas besoin, tout ce qui est cassé, polluant, dangereux. Mais tout cela ne donne finalement pas un puissant moteur économique. Il nous reste à espérer que les 10 futures années dans l’UE, si elle existe encore, il arrivera à l’état et à ses citoyens quelque chose de réellement positif.
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