Il s’est produit cette semaine un évènement qui a mis en lumière des aspects douloureux de la crise migratoire qui secoue l’Union européenne en mal de trouver une solution adéquate au flot de migrants qui déferlent sur l’Europe. En Bulgarie sont arrivés les premiers ministres de Serbie, Alexandre Vucic et de Hongrie, Victor Orban, ce dernier ayant inspecté avec le premier ministre Boyko Borissov la frontière bulgaro-turque et les eaux territoriales de la mer Noire. La réaction de Victor Orban a été on ne peut plus claire : le premier ministre hongrois a été impressionné par les moyens mis en place par la Bulgarie pour protéger ses frontières, allant même jusqu’à dire que finalement le sort de l’Europe se jouait non pas à Bruxelles, mais ici, aux frontières de la Bulgarie !
Et même si le message était quelque peu émotionnel, il ne comportait pas moins de vérité : si l’Europe est prête à offrir 3 milliard d’euros à la Turquie, elle pourrait se fendre sans problème de 160 millions d’euros pour aider la Bulgarie à mieux défendre les frontières extérieures de cette même Europe. Une enveloppe de 160 millions d’euros que Boyko Borissov réclamera et espère obtenir dès demain, lors du sommet de l’Union européenne à Bratislava. A ce propos, il a reçu le soutien catégorique du groupe de Višegrad /Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie/.
Fort de ce soutien du V4, Boyko Borissov est allé même plus loin, disant que les Bulgares en ont assez des promesses faciles et souvent non tenues de Bruxelles et qu’ils ont besoin d’entendre haut et fort que l’Union européenne va les aider réellement en commençant par les 160 millions d’euros réclamés pour endiguer la pression migratoire qui pèse sur nos frontières. Et il n’a pas eu tort de s’emporter, car la Bulgarie est effectivement laissée gérer toute seule la frontière extérieure de l’Union qu’elle partage avec la Turquie où arrivent chaque jour des centaines d’exilés de Syrie, Afghanistan et Irak.
La présence du premier ministre serbe Alexandre Vucic à Sofia, fût-elle pour quelques heures, est tout à fait compréhensible. En effet, la Serbie se trouve sur la route migratoire balkanique en direction de l’Europe centrale et occidentale, et même si elle ne fait pas partie de l’Union européenne, il est logique qu’elle donne et qu’on entende son avis avant le sommet de l’UE à Bratislava.
En sa qualité d’ambassadeur des pays du groupe de Višegrad, surtout sur la crise migratoire, Victor Orban a lancé un appel à Bruxelles à apporter une aide substantielle à la Bulgarie. La réponse a été donnée indirectement par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker qui a annoncé que d’ici fin octobre, 200 agents supplémentaires de FRONTEX seront détachés aux frontières bulgares en plus d’un arrivage de 50 véhicules tout terrain. Serait-ce suffisant ?
Dans son discours annuel sur l’état de l’Union européenne, Jean-Claude Juncker a indiqué que la sécurité sera la grande priorité de l’Europe pour les années à venir. Une sécurité qui bien évidemment a des dimensions financières et logistiques, ont tenu à préciser Victor Orban et Boyko Borissov. Reste à patienter encore quelques heures pour savoir si Bruxelles donnera suite à ces considérations…
Version française: Sonia Vasséva
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