A quelques mois de la fin de son mandat qu’il ne compte pas briguer à nouveau, le président Rossen Plévnéliev a fait une intervention remarquée au Parlement européen à Strasbourg. A l’occasion d’une session consacrée aux causes de la crise migratoire et au projet de directive sur l’imposition et les pratiques déloyales des enseignes de la grande distribution sur le marché intérieur, le chef de l’Etat a abordé le thème des grands défis politiques que l’Europe doit relever. Le discours a été qualifié d’audacieux, voire même téméraire par le président du Parlement européen Martin Schultz. Et c’est vrai, après avoir entendu dire Rossen Plévnéliev à la tribune du Parlement que « nous sommes passés de la période de la guerre froide à une phase de paix froide dans les relations entre les pays. Le monde est en proie à de nombreuses crises, une d’entre elles étant liée au refus de la Russie de soutenir les principes de l’ordre international. Le Kremlin qui essaye de déstabiliser l’Union européenne…et que si l’Occident permettait une nouvelle conférence de Yalta, ce serait une honte face à l’histoire. »
Force est de reconnaître que les réactions au discours du président en Bulgarie n’ont pas été nombreuses et très peu ont été formulées par des personnalités officielles. Et pourtant si certains lui ont reproché de tenir un discours trop violent contre la Russie /la gauche/, les représentants de la droite ont trouvé ses propos visionnaires pour l’avenir de l’Europe… Ainsi l’ancien président du PS, Mikhaïl Mikov a déclaré qu’il s’agissait d’un discours étriqué et honteux au service d’intérêts étrangers et préjudiciables à la Bulgarie. De son côté, le président de la formation nationaliste VMRO, Krassimir Karakachanov a fait savoir qu’il était inadmissible que le président de la République de Bulgarie emprunte un ton plus violent que celui du président des USA, que la Russie et l’Ukraine étaient à une distance d’à peine 1000 km de chez nous et qu’il fallait mesurer ses propos. Le Bloc réformateur a vite fait de rejeter ces critiques disant que la Russie n’était pas la ligne principale du discours de Rossen Plévnéliev et qu’il fallait être vraiment de mauvaise foi pour extrapoler à tel point les choses. Quant aux milieux proches du gouvernement, ils n’ont pas manqué de souligner les réactions d’approbation au sein du Parlement européen après le discours du chef de l’Etat. Un discours qui a appelé au maintien des sanctions européennes contre la Russie. D’après certains observateurs politiques, si le président a brisé le ton protocolaire, c’est certainement parce qu’il se sentait plus libre après avoir annoncé qu’il n’aspire pas à un deuxième mandat. Toujours est-il qu’un jour avant le discours présidentiel à Strasbourg, le ministre des Affaires étrangères Daniel Mitov a déclaré dans une interview à la télévision que Moscou agissait en agresseur et qu’en attaquent directement l’Ukraine, elle avait violé brutalement les normes du droit international, d’où l’intérêt de maintenir les sanctions européennes. Pour mémoire, il y a un mois, des députés français, suivis du ministre allemand des Affaires étrangères et du premier ministre hongrois ont toutefois recommandé que les sanctions économiques contre la Russie tombent.
Pour revenir au discours audacieux du président de la République au Parlement européen, d’aucuns y ont vu un début d’engagement dans une carrière internationale dès que son mandat à la tête de l’Etat bulgare sera terminé cet automne. Qui vivra verra…
Version française: Sonia Vasséva
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