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Boris Ier serait-il devenu chrétien en Albanie ?

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La conversion de Boris Ier et de ses proches. Miniature de la chronique de Manassès à la bibliothèque de Vatican
Photo: wikipedia.org

La commémoration du centenaire de la première guerre mondiale (1914-1918) nous offre l’opportunité de revoir le sujet portant sur les monuments inaugurés durant cette époque de conflit. Lorsque au début du XXème siècle des soldats autrichiens découvrent l’inscription traduite du grec ancien de la ville de Ballsh en Albanie du sud-ouest, sur laquelle  nous lisons « Fut baptisé le souverain bulgare Boris, appelé Michel, aux côtés de son peuple, donné par Dieu » (en 6374 = 866), est un cas de figure digne d’intérêt.

La figure de Boris Ier est considérée  comme fondatrice pour la consolidation du peuple bulgare qui à ce moment était composé de peuples slaves et de protobulgares païens. De l’époque de Boris Ier la Bulgarie embrasse le christianisme venant de l’église de Constantinople. Le souverain bulgare l’établit comme religion d’Etat et de tradition. Quant à la ville albanaise de Ballsh, sans avoir été historiquement prouvé, il semblerait s’agir anciennement de la région médiévale bulgare de Glavinitza.

Nous avons demandé l’avis expert du professeur Christo Matanov de l’Université de Sofia « Saint Clément d’Ohrid » sur la problématique des Balkans au Moyen Age

Peut-on considérer que la Glavinitza médiévale est l’actuelle ville de Ballsh ?

Les ruines du centre monastique médiéval de Ballsh. A l’arrière-plan on aperçoit la Nouvelle église, don de Siméon de Saxe Cobourg. /  Photo: archives

« Sur ce sujet il existe plusieurs hypothèses. Jusqu’à présent il n y a pas de localisation précise de Glavinitza. C’est d’ailleurs une source de polémique chez les scientifiques. Il n’y a pas de raison de considérer que Ballsh était identique à Glavinitza, néanmoins les vestiges montrent bien qu’il y a eu bel et bien un important  emplacement monastique à cet endroit. Très probablement l’écriteau  trouvé à Ballsh fut inscrit par Clément d’Ohrid lui-même. Primo pour célébrer la Conversion de la Bulgarie au christianisme en 866 et deuxio  - éventuellement pour mieux définir  le diocèse de Clément d’Ohrid. Une chose est sûre – ce n’est certainement pas une inscription qui définit les confins  d’un Etat. Ainsi que nous ne pouvons affirmer que le roi Boris Ier y soit réellement baptisé. La Bulgarie, à la différence de certains pays des Balkans de l’Ouest  comme la Serbie et la Croatie, au Moyen Age fut déjà dotée d’une capitale. Et par conséquent le Baptême du souverain ainsi que celui de sa famille  se sont plutôt déroulés dans la capitale Pliska à l’instar du modèle byzantin. »

СнимкаL’inscription de Ballsh ne déterminait pas de territoire frontalier. Des exemples d’écriteaux frontaliers sont visibles du temps de Siméon le Grand (893-927), fils de Boris Ier. Ils étaient doubles, c’est à dire orientés côté byzantin et côté bulgare, précise le professeur Matanov.

D’autres dalles avec de semblables écritures n’ont pas étés trouvées. Cela ne devrait pas nous étonner. Une grande partie de l’héritage épigraphique reste éparpillé ou fut recyclé dans la construction. »

Quelle est l’impact de cette inscription pour l’historiographie ?

« L’écriteau de Ballsh est l’unique inscription sur dalle épigraphe concernant la Conversion. Il existe également une note bulgare du début du Xème siècle, en 907 laissée par le grand érudit bulgare Todor Douksov, parent du roi Boris. Il affirme  que la Conversion aurait eu lieu pendant le cinquième mois de l’année du Chien, ce qui signifierait le mois de mai de l’année 866 selon le calendrier Solaire bulgare. Les chercheurs bulgares s’interrogent pourquoi désigne-t-on l’année 866, puisque les sources écrites d’origine byzantine indiqueraient plutôt une date antérieure. »

Dans les manuels d’histoire bulgares nous pouvons lire que les Bulgares embrassent le christianisme en 864/865. Mais en fait ils visent le baptême de la famille du souverain, un peuple de quelques centaines de milliers de personnes nécessitant un laps de temps de deux ou trois ans et non d’une seule année pour que la conversion aboutisse. L’historien explique la présence de l’année 866 sur l’écriteau de deux manières  - premièrement comme un accomplissement de la conversion au christianisme du peuple bulgare et deuxièmement comme l’étouffement de l’insurrection anti-chrétienne des boyards bulgares.


Version française : Lubomira Ivanova




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