Si d’aucuns en Bulgarie considèrent que le gazoduc South Stream est une bonne chose dont le pays aura tout à gagner /des tarifs moins chers du gaz, des livraisons garanties…/, d’autres, au contraire, pensent le contraire, et ne cachent pas leurs réserves, voire leurs critiques à l’égard de sa réalisation. Tels les USA et Bruxelles qui voient dans ce nouveau gazoduc un renforcement de la dépendance par rapport à la Russie, alors que les relations diplomatiques sont assez tendues ces derniers temps en raison de la crise en Ukraine.
Et même si, à la mi-juin, le premier ministre Plamen Orécharski, qui a démissionné depuis, a proclamé haut et fort que le projet était suspendu sur le territoire de la Bulgarie, suite à la procédure de sanctions lancée par Bruxelles, même si toutes les institutions officielles qui sont de près ou de loin liées à ce projet ont assuré bruyamment que plus rien ne se passera avant un éventuel feu vert de la Commission européenne pour la reprise des travaux, la réalité s’est avérée bien différente de ce qu’on ne l’imaginait…En effet, quelques jours à peine avant le départ du gouvernement Orécharski, le ministère de l’Agriculture aurait cédé des terrains immenses à la société mixte « South Stream-Bulgarie », obtenant même les permis de construire tamponnés par le ministère de Développement régional. Bien plus, 60 000 tonnes de tuyaux produits en Allemagne arrivaient au même moment au port de Varna…
Comment expliquer ce décalage flagrant entre les paroles et les actes, sinon par une pression lobbyiste brutale de la part de certains milieux d’affaires plus qu’intéressés, ou de forces politiques russophiles, qui ne se donnent même pas la peine de cacher leurs appétits voraces ?
En venant au pouvoir, le gouvernement intérimaire de Guéorgui Bliznachki a essayé de remettre de l’ordre dans cet imbroglio, et surtout de faire la lumière sur ce qui se trame depuis des mois dans l’ombre et dans le dos des Bulgares. Et alors que le nouveau ministre de l’Economie et de l’Energie a confirmé une fois de plus le gel du projet, nouveau pavé dans la marre ! Il semblerait qu’à la fin de la semaine dernière, la société mixte « South Stream-Bulgarie » aurait bravé tous les interdits en procédant à l’augmentation de son capital de 100 millions d’euros ! Rappelons que 50% du capital de la société appartient à la partie bulgare, en la personne de la Holding énergétique bulgare, administrée par 5 directeurs dont 3 des hauts fonctionnaires de l’Etat. Un vrai casse-tête…
La réaction du ministère de l’Energie ne s’est pas fait attendre. L’affaire a été déférée au Parquet, et « South Stream-Bulgarie » a quand même fait savoir que suite aux recommandations de la Commission européenne, appels d’offres et contrats étaient suspendus sine die sur le territoire de la Bulgarie. Ce qui a valu les félicitations du commissaire européen à l’Energie, Günter Oettinger qui a approuvé la fermeté de la Bulgarie.
Quelle sera la future évolution de ce dossier épineux ? Espérons que toutes les parties concernées finiront bien par se mettre d’accord un jour sur l’avenir de ce projet énergétique, qui jusqu’à présent n’a été entouré que de manœuvres et transactions on ne peut plus douteuses et controversées…
Version française: Sonia Vasséva"Les priorités majeures du business bulgare, à savoir l’adhésion complète à l'espace Schengen et à la zone euro, restent à l'arrière-plan, alors qu'elles sont le moteur de l'économie que l'absence d'un gouvernement régulier empêche de fonctionner..
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