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Antony Galabov : un regard avisé sur l’avenir de l’Europe

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Photo: BGNES

Les élections européennes auront lieu le 25 mai et les Bulgares se rendront aux urnes pour envoyer leurs 17 représentants à Strasbourg et à Bruxelles. Ces élections vont déterminer la politique européenne pendant les 5 années à venir mais aussi le président de la future Commission européenne, la personne-clé de l’exécutif communautaire.

Le 25 mai est donc une date où l’avenir de l’Europe va se jouer. Quelles sont les tendances et les attentes sur fond de populisme croissant sur le Vieux Continent ? Le sociologue Antony Galabov s’est penché sur le sujet. Il a dirigé l’équipe qui est l’auteur de la version bulgare d’un test en ligne consacré aux élections, EUvox 2014 (www.euvox.eu/bg). Cette plate-forme multilingue est créée dans le but d’aider les citoyens européens à faire leur choix politique grâce aux réponses qu’ils ont complétées sur le questionnaire et à la possibilité de mettre en parallèle leurs points de vue et les positions des différents partis et coalitions.

« Nous allons assister à un combat politique, un combat dans lequel la ruée vers l’Europe va s’opposer à la ruée vers les pays nationaux. Cela conduit à une division de l’attention, note Antony Galabov.- Apparemment le national-populisme trouve un écho dans les masses, ce type de discours radical qui promet des solutions rapides et faciles à des problèmes complexes. Ce qui compte, c’est de faire apprendre aux électeurs bulgares que leur vote n’est pas simplement un billet pour Bruxelles mais une indication dans quelle direction va partir l’Europe et respectivement la Bulgarie. Le fait de blâmer ces élections fait partie de la stratégie anti-UE. Cette stratégie n’ose pas s’opposer ouvertement au modèle européen mais tente de saper ses fondements. »

Quelles sont les pistes de développement de l’Europe ?

« L’Europe est la plus grande puissance mondiale. Plus je le répète, je me heurte à une confusion et à une incompréhension. Force est de constater qu’à ce moment l’économie des 28 est la plus forte dans le monde, devançant de loin celle des États-Unis, de la Chine et des autres grands centres d’influence. La question est de savoir si l’Union européenne va rester unie et si elle va poursuivre sa coopération toujours plus poussée. Ou au contraire, va rester un territoire sur lequel les États membres maintiennent des liens fragiles et des systèmes sociaux très généreux. L’autre problème c’est la propagande qui parle des risques de l’émergence d’un super-État européen. C’est illusoire car le budget de l’Union ne dépasse pas les 5 % du PIB total des 28 pays. Et pour mettre en marche une fédération forte, le budget communautaire doit monter à plus de 35-40 % du PIB total des États membres. Finalement c’est aux Européens de déterminer la voie de développement de notre projet communautaire. »

Que pensez-vous de l’affirmation que l’Union européenne avance à deux ou trois vitesses ?

« Cette vision est complètement fausse. Il s’agit plutôt de degrés d’intégration et d’initiative. En clair, quel est le nombre d’initiatives sur lesquelles la Bulgarie a déclaré ses propres intérêts ? Combien de fois a-t-elle exprimé ouvertement son soutient ou son désaccord ? Car lorsqu’un pays a du mal à choisir son camp, à dire ce qu’il souhaite ou pas, il se condamne lui-même à l’isolement. Encore une fois il ne s’agit pas d’une Europe à plusieurs vitesses mais d’une Europe dont les pays membres se distinguent par un degré différent d’initiative et d’intégration. Pour résumer, la balle est dans notre camp et c’est à nous d’assumer nos choix. »

Peut-on dire que la tension en Ukraine impactera l’avenir de l’UE ?

« Sans aucun doute car depuis 10 ans l’Union européenne ne cesse de parler d’une politique énergétique commune mais il ne faut pas oublier que de gros intérêts sont engagés dans ce sens et que certains ne sont pas prêts à changer d’orientation. Voyez ce qui s’est passé au cours des trois dernières semaines au PE – les résultats ont été de loin supérieurs à tout ce que cette institution a pu produire en quatre ans. Tout cela pour dire que le risque systémique qui s’est manifesté au Sud-Est de l’Europe a tout naturellement engendré un recentrage des priorités  Et comme vous pouvez le constater, l’Europe a démontré son aptitude à faire la part des choses et à réagir de manière efficace contre tout ce qui l’empêche de fonctionner normalement. »

Version française : Krassimir Koprivenski



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