Perpericon, la cité pétrifiée du Dieu Soleil

Publié le 07/11/12 à 11:13

Photo: Albéna Bézovska

A l’Est du massif du Rhodope, non loin de la ville de Kardjali, se dresse un pic solitaire. D’après la légende, il semblerait que nos anciens lui aient donné le nom de Maison de pierre du Dieu Soleil qui se trouverait à proximité du sanctuaire du dieu thrace Dionysos, bref un site mythique où plus d’une prophétie s’est trouvée révélée.
Au 13e siècle, le chroniqueur byzantin, Acropolite écrit que les Bulgares qui convoitaient depuis longtemps ces terres, avaient réussi à investir le territoire du fleuve Maritza, en passant par le Rhodope et en s’emparant successivement des forteresses de Stenimakhos, Peruchtiza, Krichim et Zépina. Puis leur armée victorieuse était arrivée aux portes du Rhodope oriental où est précisément située la cité de Perpericon, un sanctuaire qui date d’il y a plus de 6000 ans dont les origines se perdent à l’Age de la pierre et du bronze et qui au 3e-4e siècle avant Jésus-Christ prend de l’ampleur pour se transformer en une importante cité romaine qui contrôlait totalement le marché aurifère des orpailleurs de la région. Finalement, l’armée bulgare est repoussée vers le nord au-delà de la montagne Hémus.

Et pourtant, dans une nouvelle tentative de faire main basse sur le Rhodope oriental, en 1343, profitant des tensions intestines dans Byzance au sujet de la succession sur le trône impérial, le tzar Ivan Alexandre réussit à prendre le contrôle de la région de Plovdiv. Mais sa joie fut de courte durée, car les Byzantins se mobilisèrent et chassèrent les Bulgares de leurs terres. Mais c’était sans compter avec les hordes de l’empire ottoman qui établirent leur autorité pour des siècles sur la péninsule balkanique. Les forteresses dans la montagne Akhridos furent détruites l’une après l’autre et à jamais oubliées. C’était l’année 1362. Les premières fouilles du site datent des années 80 du siècle dernier et c’est alors que l’équipe de l’archéologue Ivan Balkanski tombe sur un sarcophage en pierre qui pesait deux tonnes environ. Par la suite, les fouilles ont révélé des dizaines de bassins et de bacs en pierre, qui accueillaient le raisin avant sa vinification.

Le récit de Milen Filipov, guide de ce site magique, appelé Perpérikon :

« Ces bacs avec égouttoir datent probablement de l’époque des Grecs anciens. Et comme il y en a beaucoup, on peut en déduire que la quantité de vin produite n’était pas négligeable. Surtout que les archéologues ont aussi découvert des cuves en terre glaise très bien conservées dans lesquelles étaient stocké le vin, mais aussi le grain. »

Sanctuaire thrace

Tout au long de la période païenne de l’Empire romain, le sanctuaire a été opérationnel et remplissait sa mission à la tribu thrace des Besses qui avaient formé une alliance avec les Romains. Mais entre 393 et 398, les Besses sont convertis au christianisme et leur sanctuaire devient inutile puisque contraire à la nouvelle religion. Alors il est enseveli sous terre. Et 15 siècles plus tard, scientifiques et archéologues remontent à la source et exhument un après l’autre ces vestiges précieux, témoignages vivant d’époque révolues…

L'église avec le baptistère

« Mais Perpericon est aussi un site chargé d’énergie où tous les sens sont sollicités et à l’écoute des messages du passé, poursuit son récit notre guide. – Certains parlent même d’une présence cosmique. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre, Perpericon est loin de nous avoir livré tous ses secrets. »

Albéna Bézovska
Version française : Sonia Vasséva

По публикацията работи: Albéna Bézovska

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